TOJO LYTAH RAZAFIMAHEFA – CONFÉDÉRATION DU TOURISME - « Le budget d’un ministère révèle l’importance du secteur » 

Le budget 2026 révèle les priorités de l’État : le tourisme, pourtant moteur potentiel de l’économie, est largement délaissé.

Tojo Lytah Razafimahefa, président du conseil d’administration de la Confédération du Tourisme.

«Le budget alloué à un département ministériel en dit long sur la place qu’on accorde au secteur », affirme Tojo Lytah Razafimahefa, président du conseil d’administration de la Confédération du Tourisme. Et les chiffres du projet de loi de finances pour 2026 semblent lui donner raison : alors que certains ministères voient leur budget augmenter de près de 54%, le ministère du Tourisme et de l’Artisanat passe de 961 milliards à seulement 16 milliards d’ariary.

Pour Tojo Lytah, cette répartition met en évidence un paradoxe : « Le tourisme est annoncé comme stratégique dans les textes, mais l’argent qui lui est donné ne traduit pas cette priorité. C’est un signal fort pour tous les acteurs du secteur. »

Une situation qui traduit un décalage entre les ambitions affichées et la réalité des moyens : l’État met l’accent sur certains secteurs comme l’énergie, au détriment d’un secteur capable de créer rapidement des emplois et de rapporter des devises. Selon le PCA : « Le tourisme peut créer des emplois rapidement, rapporter des devises et soutenir l’économie locale. Ce potentiel n’est pas exploité. »

Moteur économique sous-exploité

Pour la Confédération du Tourisme, le problème n’est pas seulement financier. « Même avec un budget limité, le tourisme peut générer un impact immédiat », insiste Tojo Lytah. « Il ne faut pas des centaines de millions de dollars. Il suffit d’un financement suffisant pour promouvoir la destination. Si nous voulons attirer 500 000 touristes, il faut environ 5 millions de dollars. Cet investissement rapporte directement dans l’économie locale. »

Il ajoute que le secteur privé doit être associé à toutes les décisions. « Lors de nos échanges avec les parlementaires, tout le monde a reconnu l’importance d’intégrer les opérateurs privés dans le travail législatif. Ce n’était pas seulement du tourisme, mais tout le secteur privé a exprimé sa voix. C’est une première très encourageante à Madagascar. »

Le président de la Confédération rappelle que le tourisme peut accélérer la relance économique sans attendre la fin des grands projets d’infrastructure. 

« Tant que nous avons stabilité et visibilité, les touristes reviendront et dépenseront sur place. Il suffit juste que l’État comprenne que le tourisme n’est pas un simple accessoire économique, mais un véritable moteur de croissance. »

Il conclut : « Nous attendons maintenant la déclaration officielle du Premier ministre. Mais le message est déjà clair : si le tourisme veut jouer son rôle stratégique, il faudra que les ambitions soient suivies d’actions concrètes et d’investissements réalistes. »

Irina Tsimijaly

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne