Promesses en sursis

Un long et éprouvant chapitre a commencé en 2009 quand l’un des chamboulements politiques, dont on est coutumiers, nous a plongés dans l’une des mers les plus tumultueuses sur lesquelles on a été condamnés à naviguer. Le 25 octobre donc, la dernière page a été tournée et on est, semble-t-il, entré dans une nouvelle ère qui, comme d’habitude, a été apportée par un vent d’espoir dont la volatilité a fait qu’il a toujours laissé place à la déception. Et on espère (encore) que celui de maintenant sera l’exception qui confirme la règle. Même si de récents faits ont, apparemment, jeté quelques particules toxiques pour polluer cette atmosphère.

La nouvelle configuration politique, qui a donc débuté sous les meilleurs auspices, parce que beaucoup se sont dit qu’il est difficile de faire pire que la précédente, a laissé entrer différents démons de la méfiance qui prennent de l’ampleur sur les réseaux sociaux. Tant de décisions, de nominations… qui sont propices à la polémique ont, depuis, plus alimenté les plateformes qui prétendent être des miroirs de l’opinion, ces mêmes qui ont grandement contribué à la chute du précédent régime. Mais il y a encore plusieurs jours avant la fin de la traditionnelle période de grâce pour rectifier le tir. Il ne tient qu’à eux de faire que le même schéma, tant redouté, ne se reproduise pas.

On a souvent assisté aux mêmes péripéties qui constituent le roman La Ferme des animaux (G. Orwell, 1945) dans lequel les cochons qui se sont accaparé le pouvoir après avoir renversé leur maître humain versèrent dans la pratique d’une oppression encore pire que celle d’avant. L’espoir est alors frelaté par le sentiment de trahison qui peut facilement s’insinuer et aujourd’hui beaucoup affirment vivre cette amertume de la déception qui, on l’espère (encore une fois), sera levée par un véritable réveil salutaire auquel on aspire tous chaque fois que la rue a décidé d’un changement de trajectoire nationale.

Pour la philosophe Hannah Arendt, chaque être humain possède une capacité de commencement qu’elle appelle “natalité”. Chacun peut faire l’histoire en y mettant de l’inédit. Et aucun doute que le régime actuel l’a également, et possède ce pouvoir de produire du jamais-vu, de ne pas refaire ce qui a déjà été fait avant. L’homme n’est ainsi pas condamné, comme les rouages d’une machine, à toujours reproduire les mêmes causes et les mêmes effets. On a ce pouvoir de décider de la suite de l’histoire, puisse-t-il encore être utilisé à bon escient.

Fenitra Ratefiarivony

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne