OMNISPORT - Le sport malgache en chute libre

Les athlètes du 4x400 m médaillées d’or aux JIOI 2023 à domicile.

Le football, discipline la plus populaire du pays, symbolise le déclin du sport malgache. Les Barea ne sont qualifiés ni à la Coupe d’Afrique des Nations ni à la Coupe du monde. Les clubs nationaux, eux, ne parviennent plus à franchir les tours préliminaires des compétitions africaines et ne bénéficient même plus d’exemptions, synonyme d’un grand recul. Le Stade Barea, non homologué, oblige en outre les joueurs à disputer leurs matchs « à domicile » hors du pays, un handicap majeur. Mais les dirigeants actuels placeront-ils le sport parmi leurs priorités ?

L’athlétisme, autrefois fleuron national, s’est lui aussi effondré. Les disciplines techniques ne produisent plus d’élites, loin de l’époque de Toussaint Rabenala ou de Rosa Rakotozafy, deux anciens champions d’Afrique. Même les courses de fond, longtemps dominées dans la région, ne sont plus maîtrisées. L’absence totale d’athlètes malgaches sur le podium du 100 m masculin, aux Jeux des Iles de l’océan Indien 2023, en dit long, à deux ans des Jeux de 2027 aux Comores.

D’autres sports connaissent le même sort : le karaté n’a plus de seniors performants sur la scène continentale et internationale, le handball sombre et le public boude le sommet national, le cyclisme n’a plus d’écho faute d’une vision fédérale claire et durable.

Pourtant, quelques disciplines entretiennent l’espoir. La pétanque, toujours aussi brillante, a offert plusieurs titres mondiaux cette année. L’haltérophilie s’est distinguée avec un titre mondial récemment et la judokate Laura Rasoanaivo continue de gravir les échelons internationaux. Le basketball 3x3, double champion d’Afrique en 2023, demeure un bastion solide : les Ankoay remettront leur titre en jeu à domicile dans quelques jours.

Implication de l’État

La relance nécessite une transformation profonde. Le retour des techniciens formés, notamment issus de l’ENS, est indispensable. Il faut tourner la page de la politisation, relancer le sport scolaire, revitaliser le sport de masse, renforcer les compétitions régionales et rebâtir les championnats universitaires. Il est également nécessaire d’ouvrir au public les infrastructures existantes et de faciliter l’accès pour encourager la pratique sportive dans toutes les catégories sociales.

Ndranto Rakotonanahary, coach de Mb2all, dresse un constat sévère : « Le manque d’infrastructures accessibles, le déficit d’appuis à la base, l’absence de perspectives pour les jeunes et l’existence des structures souvent corruptibles ou incompétentes expliquent cette descente aux enfers. » Il avance également des pistes concrètes : « Revoir complètement le système, élire des structures adéquates, garantir une gestion plus transparente, financière et technique, mieux sélectionner les techniciens et les athlètes, et renforcer l’implication du gouvernement avec une dotation budgétaire plus conséquente. »

Un mouvement sportif mené par d’anciens athlètes, sous l’impulsion de Faneva Ima et d’anciens olympiens, tente d’unifier les forces autour de cette vision pour relancer le sport malgache en général.

Donné Raherinjatovo

1 Commentaires

  1. Il y a urgence, aussi bien pour le niveau sportif que pour la jeunesse oisive . Les jeux des iles, c'est bientôt. Mais surtout la préparation doit se faire à partir d'une réelle participation aux Jeux Africains de la Jeunesse dans qqs jours et aux JOJ de Dakar dans un an. Comme sport porteur, ne pas oublier la lutte qui a fait 8 médailles d'or aux Jeux des Iles devant tous les autres sports de combat, judo compris. Donc une discipline à soutenir.

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