MACRON À MAURICE - La France attentive à la Transition

En visite officielle à Maurice, le président français, Emmanuel Macron, s’est exprimé sur la situation à Madagascar. Il déclare que la France accompagnera la Transition.

Le président français, Emmanuel Macron, a entamé une tournée africaine par une visite officielle à Maurice, jeudi.

Des propos mesurés. C’est ainsi que des diplomates qualifient la déclaration d’Emmanuel Macron, président français, sur la situation à Madagascar, durant sa visite officielle à Maurice, jeudi.

“Nous avons, enfin, évoqué la situation régionale et confirmé notre convergence, notamment, sur Madagascar, pays ami, engagé dans une transformation profonde. Nous avons pris acte de la volonté des nouvelles autorités de répondre aux aspirations de la jeunesse qui s’est exprimée avec force et dignité et que nous devons accompagner. Ainsi que la volonté exprimée par les nouvelles autorités de fixer un horizon temporel limité à la Transition”, a déclaré le locataire du palais de l’Élysée, lors de la déclaration conjointe avec Navin Ramgoolam, Premier ministre mauricien.

Sur sa lancée, le président Macron ajoute, “la France accompagnera cette Transition avec une attitude d’ouverture, le soutien aux priorités malgaches (...)”. En réaction, certains s’enflamment sur les réseaux sociaux et dans certains cercles politiques, en affirmant qu’il s’agit d’une reconnaissance du pouvoir transitoire par la France. Les experts en relations internationales tempèrent cependant les humeurs, en notant que le mot “reconnaissance” n’a pas été prononcé.

“Toutefois, il s’agit déjà d’un signal positif fort”, souligne un diplomate contacté. Dans les faits, la prise de pouvoir des militaires n’a pas causé de rupture avec les partenaires internationaux de la Grande Île. Néanmoins, il y aurait quelques réserves. Ce qui expliquerait pourquoi le mot “reconnaissance” n’a pas été affirmé à Maurice. Les partenaires internationaux chercheraient des garanties politiques sur l’issue de la Transition, mais aussi sur la continuité de l’État vis-à-vis des partenariats et des projets bilatéraux et multilatéraux.

Diplomatie parallèle

En marge d’un déplacement en Égypte, le 13 octobre, le président Macron avait fait part de ses préoccupations face à la crise à Madagascar, en espérant que le mouvement de la Gen Z “ne soit pas récupéré par des factions militaires ou des ingérences étrangères”. Le lendemain, pourtant, les militaires ont pris le pouvoir. À s’en tenir à ses déclarations à Maurice, la France estime avoir eu les garanties suffisantes pour “accompagner la Transition”.

Le chronogramme de la Transition prévu pour vingt-quatre mois semble être un argument politique de poids. Le discours d’Emmanuel Macron intervient aussi quelques jours après la visite à Madagascar, en catimini, de Bruno Fuchs, président de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale française. Le parlementaire considéré comme l’homme des coulisses de la diplomatie française a rencontré le colonel Michaël Randrianirina, Chef de l’État.

Dans cette dynamique diplomatique qui semble positive, il y aurait toutefois un point d’incertitude. Celui sur l’éventuelle réaction des Occidentaux face au rapprochement affirmé par certains tenants du pouvoir avec la Russie. Des sources indiquent que le fait que l’ambassade russe ait été la première à tendre la main au pouvoir transitoire aurait amené les chancelleries occidentales à mesurer leur réaction. Le but serait aussi d’éviter une nouvelle rupture comme c’est le cas avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES).

“Actuellement, c’est le pragmatisme diplomatique qui prévaut. La neutralité de Madagascar n’a jamais été aussi pertinente que maintenant. La diplomatie est un jeu d’équilibriste constant. Nous sommes une nation souveraine. Il faut cependant savoir faire la part des choses et éviter de froisser les sensibilités en faisant en sorte que nos partenaires ayant des intérêts divergents ne se marchent pas sur les pieds”, explique le diplomate contacté.

La source fustige cependant certaines initiatives qu’elle qualifie de “diplomatie parallèle”, en soutenant que “dans les circonstances actuelles, on ne peut pas se permettre un amateurisme diplomatique. La ligne diplomatique doit être claire et pilotée par le tandem Chef de l’État et ministre des Affaires étrangères, ainsi que de vrais professionnels sur le front”.

Garry Fabrice Ranaivoson

1 Commentaires

  1. Il n'y a pas lieu d'évoquer " reconnaissance " pour saisir une fine lecture diplomatique positive s'agissant de la position de La France par rapport au pouvoir actuel . De toute manière La France ne peut envenimer davantage les relations entre les deux pays car les Malgaches gardent une dent sur l'intervention de La France pour exfiltrer le tyran sanguinaire en fuite à DubaÏ . La perte d'influence de ce pays en Afrique qui saute aux yeux impose une nouvelle stratégie géopolitique pour affirmer sa présence ne serait-ce que garder un acquis comme première puissance maritime dans l'océan Indien . On n'est pas inquiété sur les gesticulations de Poutine déjà il suffit de voir ce blocus par les Jihadistes au Mali face à l'impuissance militaire de Moscou et de ce qui reste avec Wagner . On scrutera la politique diplomatique de ce nouveau régime déjà en évitant cette posture de non-alignement de façade face aux grands conflits actuels !

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