Le projet de loi de finances 2026, élaboré sous l’ancienne administration, ne reflète pas les nouvelles priorités gouvernementales. Les parlementaires prévoient désormais d’y apporter des amendements.
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| La balle est dans le camp du Parlement, qui devrait amender la loi de finances 2026. |
Le projet de loi de finances initiale (PLFI) 2026, actuellement en examen au Parlement, reste largement marqué par les orientations de l’ancienne administration. Élaboré sur la base de la Politique générale de l’État (PGE) définie sous le gouvernement du Premier ministre sortant, Christian Ntsay, le texte ne traduit pas encore les priorités affichées par l’équipe gouvernementale récemment nommée. Celle-ci s’est engagée à recentrer l’action publique sur l’accès aux services sociaux de base, la lutte contre la pauvreté et le redressement des secteurs moteurs de l’économie.
L’une des principales préoccupations exprimées par les parlementaires et divers acteurs concerne la place réservée au secteur social. Comme lors des exercices précédents, la santé ne bénéficie que d’une enveloppe limitée, soit 856,14 milliards d’ariary (5,4 % du budget général de l’État). Un niveau jugé insuffisant au regard de l’ambition gouvernementale d’assurer la santé pour tous, l’une des six priorités définies lors du Conseil des ministres du 28 octobre.
Même constat pour le ministère de l’Eau et de l’Hygiène, doté de seulement 474,38 milliards d’ariary, soit 3,01 % du budget de l’État, alors que l’accès universel à l’eau potable a été annoncé comme une urgence nationale.
Des secteurs leviers du développement
Les secteurs économiques présentés comme leviers du développement ne sont pas davantage mis en valeur. Le ministère du Tourisme et de l’Artisanat ne dispose que de 16 milliards d’ariary, soit 0,10 % du budget, un niveau difficilement compatible avec l’ambition de faire du tourisme un pilier de croissance et une source majeure de devises. L’industrialisation et le secteur privé, moteurs potentiels de création d’emplois, sont dotés de 101 milliards d’ariary, soit 0,6 % du budget général, un montant considéré comme trop faible pour impulser une transformation significative. Le ministère du Travail et de l’Emploi, en charge notamment de la promotion de l’insertion professionnelle des jeunes, ne bénéficie que de 37 milliards d’ariary, soit 0,24 %.
Face à ces constats, le Parlement entend jouer pleinement son rôle. Les députés prévoient d’introduire des amendements majeurs pour adapter le texte aux nouvelles orientations gouvernementales et aux attentes de la population. Des consultations avec les parties prenantes — ministères, organisations professionnelles, société civile — sont annoncées afin de recueillir des propositions concrètes avant l’adoption définitive.
« Outre les modifications qui seront étudiées en travaux de commission, nous veillerons au respect des procédures et des normes exigées pour l’examen d’une loi de finances, afin que son contenu reflète réellement les changements attendus », a déclaré le député Mamy Rabenirina, élu sous les couleurs de la coalition Firaisankina à Ambohidratrimo, hier, à l’Assemblée nationale.
L’adoption de la loi de finances pour 2026 constituera ainsi un premier test politique pour mesurer la capacité du nouveau gouvernement à traduire ses engagements en arbitrages budgétaires tangibles et visibles sur le terrain.
Tsilaviny Randriamanga
