La ministre des Affaires étrangères plaide pour la levée de la suspension de Madagascar au sein de l’Union africaine. Elle appelle ainsi les partenaires internationaux de la Grande île à soutenir cette démarche.
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| Christine Razanamahasoa, ministre des Affaires étrangères, lors de sa prise de parole, hier, à Ambatoroka. |
Un appel solennel. Christine Razanamahasoa, ministre des Affaires étrangères, en a lancé un à l’endroit de la communauté internationale, hier. Elle a profité de sa prise de parole durant la réception de célébration de la Journée de l’unité allemande, à la villa Berlin, Ambatoroka, pour tenir un plaidoyer en faveur de la levée de la suspension de Madagascar des instances de l’Union africaine (UA).
“Je lance un appel solennel à l’endroit de la République d’Allemagne et surtout, ici, des représentants du corps diplomatique (...). Je vous demande et je sollicite votre soutien, mesdames et messieurs les représentants diplomatiques, ici à Madagascar, de nous soutenir, de nous aider pour la levée de cette suspension”, déclare alors la cheffe de la diplomatie malgache. Lors de sa prise de fonction, Christine Razanamahasoa a inscrit dans la liste de ses priorités la levée des sanctions de l’organisation continentale contre la Grande Île.
La réception d’hier est le premier événement diplomatique et, à une certaine mesure, public, à laquelle la ministre des Affaires étrangères du pouvoir transitoire a parlé au nom du gouvernement. Profitant de cette tribune, elle a ainsi engagé une offensive diplomatique pour rallier le corps diplomatique à la cause malgache. D’autant plus que la majorité d’entre eux étaient au rendez-vous, hier, à la villa Berlin.
Dans une décision publiée le 15 octobre, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a suspendu la Grande Île de toutes les instances de l’organisation continentale, “avec effet immédiat”. Une décision en réaction à la prise de pouvoir par les militaires, le 14 octobre. Dans un communiqué publié la veille, soit le 13 octobre, cette entité de gestion et de règlement des conflits de l’organisation a “réitéré le principe de tolérance zéro de l’UA à l’égard des changements anticonstitutionnels de gouvernement”.
Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a ajouté qu’il “rejette catégoriquement toute tentative de changement anticonstitutionnel du gouvernement dans le pays”. Tout en remerciant les représentants de la Gen Z présents à la réception d’hier, Christine Razanamahasoa défend cependant : “Ce n’était pas un coup d’État, c’était un coup de libération”. La Gen Z avait été au front durant les manifestations ayant conduit à l’éviction du pouvoir de Andry Rajoelina, ancien président de la République, au profit des militaires.
Préoccupations
“Si cette suspension est toujours là, comment pourrions-nous organiser sereinement les priorités que la République de la refondation a fixées pour le processus de retour à la normalité ?”, ajoute alors la ministre des Affaires étrangères tout en remerciant l’assistance et en ajoutant, “je crois que je n’ai pas prêché dans le désert”.
Comme argument pour finir d’obtenir l’adhésion des partenaires internationaux à la cause malgache, la membre du gouvernement réaffirme que la Présidence de la refondation de la République “a pour mandat de rétablir la stabilité nationale, de conduire un processus de refondation démocratique et d’organiser des élections libres et transparentes dans un délai maximal de vingt-quatre mois”, tablant ses propos sur la décision de la Haute Cour constitutionnelle publiée le 14 octobre aux fins de résolution sur une sortie de crise politique.
Probablement portée par son élan, la ministre des Affaires étrangères a également laissé entendre que Madagascar serait suspendu des Nations unies. Jusqu’ici toutefois, il n’y a pas eu de déclaration ni de missive publique des instances onusiennes allant dans ce sens. La dernière réaction émanant de l’ONU sur la situation à Madagascar date du 15 octobre.
“L’ONU est très préoccupée par ce que l’Organisation considère comme « un changement de pouvoir inconstitutionnel » à Madagascar”, indique un article publié dans la rubrique ONU Info du site des Nations unies, le 15 octobre. Sans évoquer d’éventuelles sanctions de la part de l’organisation mondiale, le texte fait juste un rappel de la décision de l’Union africaine. Outre l’organisation continentale, cependant, l’ensemble des partenaires internationaux de Madagascar semblent avoir reconnu tacitement le nouveau pouvoir.
Comme l’a indiqué Oliver Knoerich, ambassadeur d’Allemagne, durant une conférence de presse avant la réception d’hier, la période de Transition devrait être une occasion pour construire un projet solide pour reconstruire la nation. “Ce n’est pas facile au début, mais le dialogue est très important, des dialogues sur comment construire l’avenir du pays”, indique-t-il.
Dans un communiqué publié hier, où il annonce avoir décliné une rencontre avec la mission d’information de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le groupement politique Irmar soutient toutefois que “les conditions actuelles ne permettent pas la tenue d’échanges équilibrés, libres et crédibles”. Le camp Orange dénonce “des cas d’arrestations arbitraires et de pressions continues”, en ajoutant, “il est d’autant plus préoccupant de constater que la communauté internationale semble, pour l’heure, observer une inertie inquiétante”.
Garry Fabrice Ranaivoson
