EXPORTATION - Le prix des litchis s’effondre

Malgré un démarrage dynamique de la campagne 2025, le litchi de Toamasina subit une chute record de prix. Surproduction et désorganisation plongent les producteurs dans la difficulté.

Les litchis de Toamasina.

La campagne d’exportation des litchis 2025 vient tout juste d’être lancée, mais l’euphorie habituelle laisse place à l’inquiétude. Alors que le navire Atlantic Kipper a quitté le port de Toamasina avec 5 400 palettes, marquant le début d’une saison d’exportation active, les prix payés aux collecteurs s’effondrent. Le tarif fixé cette année est de 2 150 ariary le kilo, contre près de 5 000 ariary lors des précédentes campagnes.

Cette baisse vertigineuse touche durement les producteurs, surtout ceux de la côte Est. Certains se résignent à vendre à perte, d’autres à jeter leur récolte faute d’acheteurs. La filière connaît pourtant une production exceptionnelle chaque année, estimée à 20 000 tonnes, ce qui accentue la saturation des plateformes de collecte.

Selon Ernest Joseph Gilbert Razafindraibe, directeur général de la Chambre de commerce de Toamasina, cette chute des prix s’explique aussi par une exigence accrue de qualité. 

« Les exportateurs ont accepté ce prix, mais ils demandent une qualité impeccable. Les fruits trop petits ou mous sont écartés ». Ces exigences s’inscrivent dans un contexte de concurrence internationale accrue, notamment avec La Réunion, désormais active sur le marché de l’exportation.

Sur les marchés de Toamasina, les paniers de litchis se vendent aujourd’hui entre 2 000 et 3 000 ariary, des prix largement inférieurs aux niveaux habituels. Après trois jours sans être pris en charge par une station d’exportation, les fruits se détériorent sous l’effet de la chaleur, perdent leur couleur et deviennent acides, ce qui entraîne leur rejet immédiat et aggrave les pertes pour les producteurs.

Désorganisation

D’après les explications d’une correspondante sur place, cette saison est également marquée par l’absence du groupe Sodiat, un acteur majeur employant habituellement plus de 2 000 travailleurs et cent vingt collecteurs. Son retrait, ajouté à l’incendie d’un site d’Emexal, a désorganisé la chaîne logistique. Les trente entreprises encore opérationnelles privilégient leurs collecteurs formés, laissant des centaines de nouveaux arrivants sans débouchés.

Cette année, seuls trois navires sont prévus — Atlantic Kipper, Baltic Summer et SS Trust — pour un total de plus de 12 000 palettes. Les exportations se poursuivent, mais la filière reste étranglée par une production trop abondante et un manque d’organisation.

La Chambre de commerce appelle à une restructuration de la filière, au renouvellement de vergers souvent âgés de plus de 50 ans et à une meilleure anticipation des campagnes. Un colloque prévu en avril 2026 devra poser les fondations d’un secteur plus stable. Pilier économique national, le litchi ne pourra rester compétitif que si la filière parvient à se réorganiser sans fragiliser ses producteurs.

Irina Tsimijaly

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