Il y a de très bonnes raisons que la capitale change de nom. Tananarchie est tout à fait appropriée à l’état actuel de la ville. Après une petite lueur d’espoir avec l’arrivée de la nouvelle mairesse, tout est redevenu comme il y a vingt ans. Elle a pu dégager les marchands sous les arcades et les marchands de rue à Behoririka et à Analakely profitant du vent d’assainissement de l’organisation du sommet de la COI et dans la foulée celui de la SADC. On n’en croyait pas ses yeux. C’est d’autant plus incroyable qu’on avait l’impression qu’elle faisait tout avec un doigt de fée, comme par enchantement. Mais on savait que tout cela était trop beau pour durer. Il a suffi que les marchands manifestent dans la rue pour imposer leur volonté, soutenus par une entité qui fait partie des acteurs de sa victoire aux communales. Et quand l’ancien président a révélé qu’il a admonesté la mairesse pour laisser les marchands là où ils sont, tout était clair.
L’assainissement de la capitale s’est toujours heurté à des considérations politiques, populistes et à un clientélisme électoral. Les maires, exceptés deux qu’on aura deviné, croyaient tous que la victoire dépendait des marchands et des habitants des bas quartiers. Ce qui n’est pas tout à fait faux étant donné que pendant les deux premières Républiques, le vote des habitants de la haute ville, la plupart frondeurs et opposants, était décisif. Avec l’arrivée des bidonvilles et une croissance démographique effrénée dans ces endroits inconstructibles, la tendance était très vite renversée. À preuve, les deux présidents entre 2002 et 2009 puis de 2018 à 2025 ont été à l’image des 80% de la population, classés dans une extrême pauvreté et incapable de lire et écrire pour choisir un candidat instruit et un bon programme ou un projet de société.
Et un concours de mauvaises circonstances font que la capitale est sens dessus dessous actuellement. La marge de manœuvre est limitée, qu’on le veuille ou non, par l’affaire CNaPS- SMGD et le changement à la tête de l’État. Son assurance affichée durant la campagne et sa détermination au début de son mandat se sont effritées avec la chute du régime. Tout le monde profite ainsi de son affaiblissement manifeste et fait ce qui lui plaît. Et d’ailleurs, il y a de fortes raisons que le conseil d’État donne raison à son rival dans le contentieux électoral de la conquête de la capitale dont le résultat a fait l’objet de vives contestations. À en juger l’évolution de la situation, c’est presque une certitude.
Mais quelle que soit la décision du conseil d’État, cela ne se reflétera pas, du moins immédiatement, dans la toilette de la première ville du pays, sans ressources suffisantes et incapables s’assumer ses tâches naturelles telles l’enlèvement des ordures, l’évacuation des eaux usées et de pluies, une circulation où seuls les primates s’y retrouvent, aménager de nouveaux parkings, dégager les trottoirs, gérer les taxis-vélo et taxis-moto...
Il ne lui reste plus que l’écharpe de l’édile de la capitale, mais elle est complètement esseulée. Et avec elle, la capitale n’attend que pouvoir bénéficier d’une eu...Tana...sie. À moins de croire à l’arrivée d’un messie et de la magie de Noël. Mais un mois avant l’événement, elle doit penser à comment gagner la bagarre de Noël avec les marchands.
Moralité de l’histoire, tant qu’un maire veut faire de la capitale un tremplin politique, il ne pourra jamais voler haut.