Des annulations en cascade ont été enregistrées par les opérateurs touristiques depuis l’événement du 25 septembre. « Les clients se sont désistés au vu de la grève et des risques d’annulation de vols surtout. Nous avions, par exemple, attendu la venue d’un groupe de seize personnes au début d’octobre et un autre de dix, quelques jours après. Mais tous se sont ravisés au dernier moment », explique Henriette André, propriétaire gérante de l’hôtel Ambola Beach.
« D’autres réservations ont été annulées presque tout le mois d’octobre. Nous investissons beaucoup, pourtant, dans les préparatifs des venues, notamment pour les groupes de touristes étrangers », ajoute-t-elle. Son établissement hôtelier se trouve à une soixantaine de kilomètres sur le littoral sud de Toliara. Outre les poissons frais sur place, elle fait venir de la nourriture de Toliara qui doit être transportée en vedette jusqu’à Anakao, puis en taxi-brousse jusqu’à Ambola. Les belles plages d’Ambola, situées non loin de la commune de Beheloka, se trouvent à deux pas du parc national Tsimanampetsotsa.
Un guide local se dit désolé de la situation car il n’a presque pas travaillé depuis deux mois. « Même les touristes nationaux se font rares », regrette-t-il. Au nord, les sables bancs de Salary et Ambatomilo, le parc Mikea et le grand baobab de Tsitakatsaka à Morombe, sont aussi désertés par les touristes.
« C’est sans précédent », livre Jean Félix Lahiniriko, guide touristique spécialiste du littoral nord de Toliara. « Si la saison basse dure en moyenne quatre mois, elle est passée à huit mois cette année », regrette-t-il.
Les événements politiques du pays ont des répercussions sur la vie économique de la région Atsimo Andrefana. Des guides touristiques se reconvertissent pour l’heure en chauffeurs de taxi-brousse, en vendeurs de poissons. À l’Office régional du Tourisme de Toliara (Ortu), la situation est également au point mort. La zizanie interne entre le PCA de l’office et les opérateurs touristiques, depuis le mois de juillet, n’a pas encore trouvé d’issue.
Des justificatifs comptables peu clairs sur des infrastructures, comme un marché sans appel d’offres, des achats budgétisés mais transformés en location sur l’écriture comptable, entre autres, sont attribués à l’Ortu. Le projet « Big South » qui consiste à étendre la destination Sud à une plus grande échelle sur le marché international, reste au fond des tiroirs jusqu’ici.
Les opérateurs touristiques ont d’abord demandé à procéder à un audit, à effectuer par un cabinet privé, mais refusé par le ministère. L’audit a été alors pris en mains par le département ministériel du Tourisme et de l’Artisanat, dont les résultats sont attendus depuis le 6 novembre. Le mandat du conseil d’administration de l’Ortu arrive également à son terme et les opérateurs revendiquent l’organisation urgente des élections pour le début du mois de décembre. Pour eux, il est temps de procéder correctement à des activités de promotion de la destination Toliara.
Mirana Ihariliva