ANTSIRANANA - La ville replongée dans le noir

Antsiranana subit une grave crise énergétique, avec des coupures d’électricité dépassant souvent 48 heures. Pannes répétées, la colère des habitants rendent la situation incontrôlable.

Un technicien en train de réparer un groupe d'Enelec.

La situation énergétique à Antsiranana s’est brutalement détériorée au cours des derniers jours. La ville entière a été plongée dans l’obscurité durant le week-end, une coupure généralisée qui n’a épargné que l’hôpital. Si, auparavant, les interruptions de courant ne duraient que quelques heures, elles s’étendent désormais sur plus de 24, voire 48 heures dans certains quartiers, suscitant l’exaspération des habitants.

Dans un communiqué, la Jirama a tenté de calmer les inquiétudes en annonçant une coupure totale prévue le dimanche pour réparer un groupe électrogène de grande capacité au sein de la société Enelec. Cependant, les interruptions ont repris dès le samedi, alimentant la méfiance des habitants face à un manque perçu de transparence. Les responsables évoquent une fois de plus des « pannes techniques » sur les équipements de production, précisant que seuls deux des neuf groupes sont actuellement opérationnels.

Selon le directeur régional de la Jirama, Lamson, « un seul groupe produisant 1,4 mégawatt était encore en service, alors que la ville a besoin d’environ 11 mégawatts. Après dimanche, la capacité est montée à 3,5 mégawatts, soit à peine un tiers des besoins ». Cependant, le groupe nouvellement réparé est retombé en panne dès sa remise en charge, ramenant la production disponible à seulement 700 kW. « Deux blackouts ont encore eu lieu toute la journée d’hier (mardi), à 11 h et à 15 h », a-t-il confirmé.

Réactions virulentes

Face à ce scénario répétitif, les habitants n’en peuvent plus. Beaucoup estiment que seule une manifestation publique pourrait forcer les autorités à agir. « Depuis le 25 septembre, les coupures s’étaient calmées, mais dès que la tension est retombée, les problèmes ont repris », témoigne un commerçant du centre-ville, excédé par les pertes causées par ces interruptions.

Sur les réseaux sociaux, les réactions sont virulentes. Certains habitants menacent de descendre dans la rue, d’autres accusent la Jirama et la société Enelec de mépriser la population, surtout depuis le départ des étudiants de l’université du Nord de Madagascar, qui avaient été très actifs dans les mouvements de protestation. Le quartier universitaire ressemble désormais à une ville désertée.

Pendant ce temps, les activités économiques tournent au ralenti. Les commerces ferment plus tôt, les ménages vivent à la lueur des lampes solaires ou à piles, et le désespoir s’installe. Une mère de famille du quartier Morafeno déplore que les promesses d’amélioration n’engagent plus personne.

Raheriniaina

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