Le 11 novembre, jour de l’armistice en 1918, n’a pas la même signification pour les vainqueurs (notamment la France, le Royaume-Uni et les États-Unis) et les vaincus (l’Allemagne et ses alliés). Sa signification pour nous Malgaches devrait également être questionnée. Inauguré en novembre 1936, à la place des pavillons de villégiature royales, au milieu du lac Anosy, le monument «Aux soldats Français et Malgaches morts pour la France» n’a jamais fait l’objet d’un discours pédagogique.
Cette guerre de 14-18, énième règlement de comptes entre pays européens (après Sedan, Sadowa, les guerres napoléoniennes, la guerre de Sept Ans, la guerre de Cent Ans...), ne devint une «guerre mondiale» que par l’enrôlement de supplétifs originaires des colonies africaines, arabes, asiatiques, malgache.
Une petite absurdité dans la grande absurdité de cette guerre fut le «suicide des empires», à la bataille de Tannenberg, le 30 août 1914. L’ouverture de ce deuxième front à l’Est devait soulager les Français bousculés par les Allemands à l’Ouest : suprême ironie que des dynasties apparentées, allemande et russe, en soient arrivées à s’annihiler, pour sauver une IIIème République française héritière de la Révolution anti-monarchiste de 1789.
L’archiduc François-Ferdinand assassiné, l’Autriche-Hongrie déclarant la guerre à la Serbie, la Russie se mobilisant par solidarité slave, l’Allemagne faisant cause pangermaniste avec l’Autriche, la France et l’Angleterre entraînées dans la guerre au nom de la «Triple entente» : ce maelström devait être de la science-fiction pour un Malgache de 1914. Pourtant, des soldats malgaches allaient bel et bien mourir pour une vétille, qui ne les concernait en rien, survenue dans une ville totalement inconnue : quel Malgache de 1914 a jamais entendu parler de Sarajevo ?
Une génération tout juste auparavant, le 30 septembre 1895, nos arrière-grands-parents voyaient, avec effroi, les troupes françaises et leurs tirailleurs sénégalais de sinistre mémoire entrer dans Antananarivo. Le devoir de mémoire associe chaque 11 novembre les autorités malgaches et les représentants français autour du monument aux morts du lac Anosy. Mais, un autre devoir de mémoire, à usage malgacho-malgache, doit rappeler dans les manuels d’histo-géo comme dans les discours officiels, combien le mouvement nationaliste des «Menalamba» avait été réprimé de 1896 à 1901. Et comment, en pleine guerre, le 18 février 1916, s’ouvrait au palais d’Andafiavaratra le procès des nationalistes Vy Vato Sakelika (VVS).
Le pasteur Ravelojaona (1879-1956), acquitté dans le procès VVS, accepta de s’exiler à Marseille et termina la guerre comme adjudant de l’armée française. Ravelojaona, comme l’ensemble des Malgaches envoyés combattre les soldats allemands, ne pouvait pas haïr les dynasties Habsbourg et Hohenzollern qu’il ne connaissait pas. Il ne devait pas non plus aimer particulièrement une IIIème République française qui fit déporter le Premier Ministre Rainilaiarivony, chasser la Reine Ranavalona III, fusiller le prince Ratsimamanga et le ministre Rainandriamampandry, désacraliser la dépouille du Roi Andrianampoinimerina et profaner les «Fitomiandalana» du Rova Antananarivo.
14-18 devait être la «der des der». Mais le «Diktat de Versailles», en juin 1919, imposa de telles contraintes à l’Allemagne qu’il accoucha d’une mauvaise paix dont les rancoeurs ne seront vidées que par 39-45. On célèbre trop bruyamment les armistices après avoir trop facilement oublié de vertueuses intransigeances : source d’humiliation et aiguillon de la revanche.
Nasolo-Valiavo Andriamihaja
n'est ce pas Ralaimonga qui fut délivré de l'état d'esclave à 11 ans par galliéni et qui s'engagea en 1917 pour remercier la France de sa délivrance.
RépondreSupprimerOlivier vous avez raison mais cela ne sert à rien de le rappeler. Les dirigeants malgaches préféreront toujours parler uniquement des mauvais cotés de l'époque français, jamais ils ne rappellent que l'esclavage est aboli à Madagascar le 27 septembre 1896 , un mois et demi après l'annexion de l'île par la France...
SupprimerLes élus et dirigeants ne parlent jamais de la reine Ranavalona ou alors il justifient les massacres au nom de "l'unité nationale": sous son règne, on estime que la population de Madagascar a diminué d'environ 5 millions à 2,5 millions entre 1833 et 1839, et la population d'Imerina de 750 000 à 130 000 entre 1829 et 1842.
Il n'existe pas un seul autre pays dans le monde ou un dirigeant a exterminé la moitié de sa population: c'est un cas unique dans l'histoire de l'humanité.
Par contre vous aurez toujours une flopée d'historiens en herbe pour vous parler des horreurs de Gallieni...
Depuis le départ des français les dirigeants malgaches ont redoublé d'efforts pour acculturer la population au nom de la "malgachisation" de la population: ce n'est pas pour rechercher une vérité historique aujourd'hui...
en dépeuplant le pays par le crime la reine sanglante Ranavalo 1 a abaissé la force vitale du peuple malgache .Ce pourquoi il n'y eut pratiquement de résistance à l'invasion des français.
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