Le nouveau Premier ministre, le général Zafisambo Ruphin, a pris ses fonctions hier à Mahazoarivo. Il lance un appel au dialogue et tend la main aux jeunes du mouvement Gen Z.
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Le général Zafisambo Ruphin a pris officiellement ses fonctions hier. |
À peine nommé, le nouveau Premier ministre, le général Zafisambo Ruphin, a officiellement pris ses fonctions hier, lors d’une cérémonie de passation au Palais d’État de Mahazoarivo avec son prédécesseur, Christian Ntsay. Ce changement à la tête du gouvernement intervient dans un contexte politique tendu, marqué par la mobilisation persistante du mouvement Gen Z et les appels à un renouveau du dialogue national.
Dans son premier discours, le nouveau chef du gouvernement a esquissé les grandes lignes de son programme et réaffirmé sa volonté d’instaurer une dynamique d’écoute et de concertation.
« De nombreux jeunes s’expriment avec courage et discernement par de nouveaux moyens de communication. Je suis prêt à les écouter et à dialoguer avec eux », a-t-il déclaré, adoptant un ton apaisant et inclusif.
Ce message se veut un signal d’ouverture envers les jeunes du mouvement Gen Z, à l’origine d’une contestation sociale et politique sans précédent depuis plusieurs jours. Pour le général Zafisambo Ruphin, la voix de cette génération ne doit pas être perçue uniquement comme une opposition, mais comme un appel à repenser la gouvernance et à moderniser les rapports entre dirigeants et citoyens.
« Le message envoyé par les jeunes n’est pas seulement une contestation, mais aussi une sensibilisation, un cri d’alerte et une contribution pour un changement positif », a-t-il souligné.
Un gouvernement de coalition en perspective
Le nouveau locataire de Mahazoarivo a également laissé entrevoir sa volonté de former un gouvernement pluraliste, rassemblant différentes sensibilités politiques. Il a insisté sur la nécessité de dialoguer avec l’ensemble des acteurs, quelles que soient leurs opinions ou appartenances.
Cette approche d’ouverture pourrait marquer une rupture avec la ligne plus rigide de l’équipe sortante, souvent accusée de marginaliser les voix dissidentes.
Cependant, la tâche s’annonce difficile. La Gen Z, moteur de la contestation actuelle, demeure méfiante face à des gestes politiques jugés tardifs. Jusqu’ici, les jeunes manifestants ont refusé toute négociation tant qu’une partie de leurs revendications ne serait pas satisfaite. Ils ont d’ailleurs donné un ultimatum de 48 heures à l’Exécutif pour répondre à leurs demandes.
L’arrivée du général Zafisambo Ruphin à Mahazoarivo s’inscrit dans une tentative de désamorcer une crise de confiance profonde entre la population et les institutions.
La jeunesse, connectée, éduquée et consciente de ses droits, exige désormais une parole politique sincère, accompagnée d’actes concrets.
La réussite du nouveau Premier ministre dépendra donc de sa capacité à transformer cette ouverture affichée en dialogue réel, mais surtout en actions tangibles.
Le chef du gouvernement n’est pas seul dans cette démarche. Le président Andry Rajoelina a lui aussi annoncé une série de rencontres à Iavoloha avec différents groupes et associations de jeunes, dans le but d’écouter, de comprendre et d’apaiser les tensions.
Reste à voir si ces gestes d’ouverture parviendront à rétablir le lien entre l’État et la jeunesse, ou s’ils ne seront perçus que comme une tentative de récupération politique.
Tsilaviny Randriamanga