Une semaine après le début de la mobilisation de la Génération Z, les Forces de défense et de sécurité (FDS) resserrent leur dispositif. Ambohijatovo, cœur symbolique de la contestation, est désormais verrouillé et inaccessible aux manifestants.
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Aucun manifestant n’a pu accéder au centre-ville et à Ambohijatovo hier. |
Depuis le lever du jour, la place d’Ambohijatovo s’est transformée en zone interdite. Des barrages filtrants ont été érigés à tous les points d’accès, notamment Ambatonakanga, Antsahabe, Ambohidahy et Mandrosoa. Des pick‑up, véhicules blindés et cordons de gendarmes, policiers et militaires y étaient positionnés, empêchant tout regroupement. Le lieu, brièvement occupé mardi par des manifestants avant d’être repris en main par les forces de l’ordre, est désormais verrouillé de façon quasi hermétique. Cette démonstration de force traduit la volonté des autorités de ne laisser passer aucune faille dans leur dispositif.
Dès le début de l’après‑midi, un premier mouvement a été signalé du côté de Mahamasina. Des syndicalistes, rejoints par plusieurs employés, ont tenté de remonter vers Ambohijatovo via Ambatonakanga. Leur progression a cependant été stoppée à hauteur d’Amparibe, où des éléments des FDS avaient dressé une ligne de sécurité. Une tentative de négociation s’est engagée entre représentants syndicaux et forces de l’ordre, mais celle‑ci s’est soldée par un échec. Ne pouvant franchir le barrage, les manifestants ont finalement rebroussé chemin.
Multiplication des foyers de contestation
Parallèlement, des regroupements spontanés se sont organisés dans différents quartiers de la capitale. À Antaninandro, des jeunes de la Génération Z, soutenus par des habitants, ont tenté de se mobiliser en direction d’Ambohijatovo. Vers 13 heures, une intervention des FDS, avec usage de gaz lacrymogènes, a rapidement dispersé la foule. Des scènes similaires se sont produites à Ankadifotsy, Behoririka, Besarety et Andravoahangy. Dans ces quartiers commerçants et populaires, les habitants ont été témoins de courses‑poursuites entre forces de l’ordre et manifestants jusque dans les petites ruelles.
Un autre moment fort de la journée s’est déroulé aux alentours de 15 heures. À Mahamasina, une colonne de quelques centaines de manifestants a pris forme, cette fois en présence de personnalités politiques. Le député de Toamasina I, Roland Ratsiraka, ainsi que plusieurs conseillers municipaux d’opposition, se sont joints au cortège. Leur objectif affiché était de marcher vers Ambohidahy pour rallier Ambohijatovo. Mais après quelques dizaines de mètres parcourus, les forces de l’ordre ont riposté à coups de grenades lacrymogènes. Pris dans la fumée et la panique, les manifestants se sont dispersés en désordre, mettant fin à cette nouvelle tentative.
Au final, les manifestations de la journée sont restées cantonnées à la périphérie. Aucun regroupement significatif n’a pu s’approcher d’Ambohijatovo. Le verrouillage de la place illustre un changement clair dans la stratégie des forces de l’ordre. Après avoir été débordées mardi, elles affichent désormais une détermination à empêcher toute réédition d’un tel scénario.
Tsilaviny Randriamanga