À l’extérieur, le judoka olympien Fetra Ratsimiziva livre une analyse lucide sur les freins qui empêchent Madagascar de briller sur la scène internationale. Il donne aussi son avis sur la nomination d’Alain Désiré Rasambany comme ministre de la Jeunesse et des Sports.
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| Fetra Ratsimiziva, judoka et olympien, suit de très près le sport malgache à l’extérieur. |
Un inconnu du monde sportif est nommé ministre de la Jeunesse et des Sports. Les critiques abondent sur les réseaux sociaux. Fetra Ratsimiziva, pouvez-vous donner vos réactions à chaud concernant cette nomination ?
Je tiens d’abord à féliciter le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, Alain Désiré Rasambany. Certains estiment qu’il n’a pas d’expérience directe dans le monde du sport, certes, mais ce n’est pas un frein si la volonté et le leadership sont au rendez-vous. Le plus important, c’est qu’il soit bien entouré par des techniciens qui maîtrisent le fonctionnement du sport pour en tirer profit et orienter efficacement les décisions. Le redressement du sport malgache exige une vision claire, des actions concrètes et une collaboration étroite avec les dirigeants, les athlètes, les anciens sportifs et les fédérations. C’est ensemble qu’on pourra identifier les failles et bâtir des solutions durables pour le bien du sport en général.
Qu’attendez-vous de lui ?
S’il a accepté cette mission, c’est qu’il veut agir pour la jeunesse et le sport. Nous espérons le voir diriger en véritable capitaine d’équipe, capable de fédérer, d’écouter et de réaliser ce qu’il a promis. À la fin de son mandat, il faudrait que le peuple puisse ressentir les fruits de ses efforts et constater des progrès réels dans toutes les disciplines.
Passons sur un autre sujet : d’après vous, pourquoi Madagascar peine-t-il à rivaliser sur la scène internationale dans la plupart des disciplines actuellement ?
Tout part de la base. Nous n’avons pas assez de pratiquants dans chaque discipline. Plus il y a d’athlètes, plus la concurrence interne s’élève et plus le niveau général progresse. Le championnat national devrait être la vitrine du sport malgache, fondé sur un vrai système pyramidal, du régional au national. Mais il manque souvent d’envergure et de continuité.
Quels sont les obstacles majeurs qui freinent cette progression vers le haut niveau ?
Les infrastructures sont insuffisantes. On ne peut pas viser haut avec des moyens précaires. Le haut niveau exige des conditions adéquates : équipements adaptés, encadrement compétent, suivi régulier. Le talent seul ne suffit pas. Nos athlètes sont motivés, mais atteignent rapidement un plafond faute d’accompagnement.
Le sport est-il aujourd’hui considéré comme une priorité nationale à Madagascar ?
Pas encore assez. Beaucoup de jeunes abandonnent faute de perspectives. Il faut créer des passerelles et des contrats sportifs pour permettre aux étudiants et salariés de s’entraîner sérieusement. Le sport doit être intégré aux politiques de jeunesse, d’éducation et d’emploi. C’est un levier social et économique, pas seulement une passion.
Que proposez-vous pour faire du sport un pilier durable du développement national ?
Il faut une vision commune. D’abord, renforcer le sport scolaire : nos 17 000 écoles et 1 600 collèges, les universités représentent un vivier immense. Ensuite, moderniser les infrastructures et travailler avec le secteur privé. Enfin, instaurer un vrai statut pour les athlètes de haut niveau. Le sport peut faire rayonner Madagascar, à condition qu’on lui en donne les moyens.
Donné Raherinjatovo

Quand on donne la parole à un vrai sportif, tout change. Il faut effectivement une volonté politique. Mettre en place une stratégie qui part des écoles vers le haut niveau. Ce dernier ne s'improvise pas mais en plus des propositions faites ici, il est urgent de mettre en place une structure de formation de cadres de haut niveau, avec dans un premier temps des formateurs reconnus par leurs compétences internationales. Si cela n'est pas fait, on restera toujours en bas du tableau. Pourtant notre jeunesse a un potentiel énorme qui ne demande qu'à émerger.
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