Cul-de-sac

Une situation embarrassante et inquiétante. Le Président est parti ailleurs pour sauver sa peau mais n’a pas démissionné. Au contraire, il affirme tenir la  barque et détenir le commandement. Il dirige le pays de manière virtuelle à l’aide d’une manette. Mais sur le terrain les militaires maîtrisent la situation. À preuve, son discours n’a pas pu passer sur la chaîne nationale. Les militaires l’en ont empêché selon des informations avisées. Ce qui signifie tout simplement que ce n’est plus lui qui commande.

Par ailleurs, les militaires ont perquisitionné son domaine privé à Betsizaraina Ambohimangakely. De même, ils ont fait un inventaire des équipements au palais d’Iavoloha déserté par son personnel hier. Une manière de préparer le domaine de son éventuel successeur. Néanmoins, les militaires n’ont pas en réalité pris le pouvoir sachant pertinemment qu’un coup d’État militaire est sans issue. Mais il est clair qu’ils le poussent à la démission ou, à la rigueur, il accepte un compromis politique comme à l’image de l’Accord de Panorama en 1991. Dans ce cas, le Président reste à sa place avec un pouvoir réduit et un Premier ministre civil qui fait l’unanimité. La question est de savoir s’il en existe. 

Mais la situation reste totalement floue même si la vie est plus ou moins revenue à la normale. Dimanche, la journée a été meublée par les prières alors qu’hier on a rendu hommage aux premiers martyrs de la lutte. La GEN Z a annoncé la tenue d’un forum national qui aurait dû débuter hier. L’autre concertation nationale placée sous l’égide de la FFKM reste au stade de projet pour le moment. Aucune structure n’a été prévue pour assurer le fonctionnement de l’État au cas où les institutions seraient dissoutes. Les politiciens vieux briscards sont déjà à l’affût et tentent de se faufiler dans le mouvement. Si le Président démissionnait, il va sans dire que la bataille ferait rage pour conquérir sa place.  Des députés tentent déjà de poser une motion d’empêchement mais on ignore si leurs collègues de la majorité vont les suivre. Ce qui n’est pas évident même si l’heure est désormais au sauve qui peut.

Si on doit refaire du neuf avec des vieux, le mouvement de GEN Z n’aura servi à rien. 

En quelque sorte, il y a un vide au sommet de l’État. La Premier ministre ne peut pas réellement gouverner avec trois ministres. 

La solution doit être politique sinon la situation risque d’empirer. 

C’est bien d’avoir une volonté de tout changer, de mettre un terme aux injustices et à la corruption, aux mauvaises conditions de vie, mais c’est mieux de préparer au préalable des alternatives. 

Sinon la victoire ressemble à un cadeau empoisonné comme l’indépendance où sans infrastructures, sans techniciens qualifiés, sans médecins et enseignants suffisants, sans chercheurs, sans monnaie indépendante… on était voué à échouer. C’est pire, par la suite, avec la révolution socialiste où on voulait changer du tout au tout. C’est ainsi que l’après crise a été jusqu’ici une éternelle déception. À chaque fois, on se fourvoie dans un cul-de-sac. 

Sylvain Ranjalahy

2 Commentaires

  1. plutot rare ! c-est un migrant milliardaire qui se déporte aujourdh-ui en France

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  2. La quadrature du cercle est une figure qui ne laisse indemne.

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