La crise sociale à Madagascar commence à affecter le secteur touristique. Les agences et guides multiplient les précautions pour rassurer les visiteurs et adapter leurs circuits face aux perturbations.
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Une touriste qui visite Andranokoditra, l’une des destinations les moins touchées par les grèves à Madagascar. |
Depuis plusieurs semaines, Madagascar traverse une période de forte instabilité. Les mouvements de contestation qui secouent le pays commencent à avoir des répercussions sur le secteur touristique, jusque-là épargné dans certaines régions. Mino Rakotinizao, responsable ticketing d’Universal Trading Tourisme, souligne que « dans les régions, il n’y a pas eu beaucoup d’effets directs, mais les touristes attendent de voir si les voyages peuvent encore être reportés ». Certains départs prévus fin septembre ont déjà été décalés au début octobre.
Pour limiter les risques, les agences adaptent leurs itinéraires. Certains circuits, comme Morondava-Toliara, combinent avion et voiture afin d’éviter les zones sensibles. Selon Rakotinizao, environ 40 % des voyages de groupe pour leurs dossiers d’août, septembre et octobre ont été annulés, chose qui n’est pas habituelle car un voyage est planifié au moins un an à l’avance.
Rassurer les touristes
En revanche, les voyages individuels ne subissent presque pas d’annulations.
Pour eux, la majorité des clients sont italiens, et le gouvernement italien a conseillé de reporter les voyages : « il est recommandé de ne pas voyager pour le moment, vu la situation de crise ».
Sur le terrain, chaque opérateur, guide touristique, chauffeur essaie de rassurer les visiteurs. Sariaka Vonintsoa, guide touristique, explique que ses équipes couvrent l’ensemble du pays et précisent que « seuls certains quartiers d’Antananarivo sont perturbés et que les parcs nationaux restent sécurisés ». Les zones touristiques comme Nosy Be, Sainte-Marie, Morondava ou Tolagnaro n’ont pour l’instant presque pas été touchées par les grèves, mais les perturbations des vols intérieurs compliquent les déplacements.
Les agences recommandent souvent de privilégier l’avion pour éviter les routes jugées peu sûres. Vonintsoa souligne également que l’annulation de nombreux voyages, la baisse de fréquentation et les pertes financières affectent déjà les hôtels. Malgré cela, les agences continuent d’accueillir des touristes francophones, anglophones, espagnols, italiens et allemands, en veillant à ne jamais emmener les visiteurs dans des zones à risque.
Si les villes touristiques semblent pour l’instant résister, la crise montre combien le secteur reste fragile face aux mouvements sociaux et aux perturbations logistiques. Selon les professionnels du tourisme, « vigilance et adaptation sont devenues des impératifs pour protéger à la fois les visiteurs et leurs activités ».
Irina Tsimijaly