CINÉMA - Luck Razanajaona, réalisateur engagé

Luck Razanajaona brille à l'international. 

Luck Ambinintsoa Razanajaona appartient à cette nouvelle génération de cinéastes malgaches pour qui le cinéma est autant un moyen de raconter une histoire qu'une arme de révélation sociale. Actuellement, son film "Disco Afrika : Une histoire malgache" est à l'affiche en France, ce qui témoigne de son succès après les différents prix et festivals internationaux qu'il a remportés. Diplômé de l'École Supérieure des Arts Visuels de Marrakech en 2011, il est rentré à Madagascar avec l'ambition de vivre du cinéma, après avoir affiné son regard à l'étranger, entre courts métrages, documentaires et festivals. 

À part "Disco Afrika", parmi ses films, trois courts métrages se distinguent dont "Le Zébu de Dadilahy", "Madama Esther" et "Memories". Ces films ont été sélectionnés dans des festivals prestigieux comme Clermont-Ferrand, Berlin, Tunis, Ouagadougou et d'autres, et plusieurs fois primés. Le festival Fespaco, les Journées cinématographiques de Carthage, Clermont-Ferrand et d'autres lui ont déjà décerné des distinctions, y compris des prix majeurs pour des films malgaches. Il fonde en 2015 « Les Rencontres Cinématographiques d'Antananarivo », un programme d'accompagnement des jeunes cinéastes, avec l'appui notamment de l'écrivaine Michèle Rakotoson.

Mémoire culturelle

Après des années de travail et de développement, Luck Razanajaona livre son premier long métrage de fiction, Disco Afrika : Une histoire malgache. Le film dure environ 81 minutes. Ce film mêle éléments de fiction et de documentaire. L'esthétique privilégie les plans fixes, les gros plans, un réalisme visuel marqué par des scènes de vie quotidienne, des marchés, des habitants, mais aussi les délestages ou l'éclairage par bougie ou torche quand nécessaire, afin de restituer l'atmosphère du pays. La musique joue un rôle central : kaiamba, musique disco malgache des années 70, chants militants, bande-son héritée des luttes postindépendance. 

Le film convoque aussi la mémoire culturelle de l'île et les valeurs de résistance. Disco Afrika fait sa première européenne à la Berlinale, dans la section Generation, et obtient une mention honorable du jury AG Kino. Ce fut la première sélection dans un grand festival international d'un long métrage de fiction réalisé par un cinéaste malgache local. La presse internationale salue Disco Afrika comme un film d'une grande importance pour Madagascar, qui permet au public local mais aussi à un public extérieur de découvrir une gravité et une poésie mêlées, un regard sur la jeunesse, sur les blessures du passé, sur les enjeux politiques actuels.

Nicole Rafalimananjara

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