Cinq hommes ont été accusés d'avoir violé une femme lors d'un bal de « famadihana » dans la commune d'Ampanotokana. La justice les a acquittés.
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Le fourgon pénitentiaire ayant assuré le transfert des accusés entre la prison et le tribunal. |
L’audience se déroulait dans la salle n°5 du tribunal d’Anosy. Dans une atmosphère lourde, l’assistance suivait, suspendue aux débats, le procès de cinq hommes accusés d’un viol collectif lors d’un bal de famadihana. Au terme de plusieurs heures d’audience, le verdict est tombé : acquittement au bénéfice du doute.
La plaidoirie a débuté peu après 10 heures. Les bancs, déjà occupés par des proches, des curieux, laissaient à peine de la place aux retardataires. Dans le box, cinq jeunes hommes, mariés et pères de famille, ont été appelés à la barre. Menottes ôtées, ils se sont alignés côte à côte, la tête basse, le regard fuyant. À leur droite, la plaignante, visiblement émue, fixait le sol, serrant son sac contre elle.
Le greffier a lu le dossier dans un silence presque religieux. Les faits remontent à la nuit du 12 au 13 septembre 2024, à Ampanotokana, district d’Ambohidratrimo. Selon la plaignante, un certain Dadah — aujourd’hui introuvable — lui aurait offert de l’alcool lors de la fête. Elle affirme avoir perdu connaissance après en avoir bu, avant d’être victime d’un viol collectif.
Consentis
À la barre, les cinq prévenus ont nié les faits. Deux ont soutenu n’avoir jamais eu de rapport sexuel avec la jeune femme. Les trois autres ont reconnu des relations, mais en défendant leur caractère consenti.
« Je revenais du travail et je suis passé à la fête. Elle m’a abordé, m’a séduit et m’a proposé un rapport sexuel contre 4 000 ariary. Nous étions consentants, et elle n’était pas ivre », a affirmé l’un d’eux, d’une voix ferme.
Ses compagnons ont livré des versions similaires. Tous parlent d’échanges consentis contre de l’argent. « Elle savait ce qu’elle faisait », a glissé l’un d’eux, provoquant un léger murmure dans la salle.
La plaignante, interrogée par la présidente d’audience et l’avocate générale, a semblé hésitante. Elle a expliqué avoir perdu conscience après avoir bu.
« Vous dites ne pas avoir eu conscience, mais vous vous souvenez de tout ? Que signifie perdre connaissance ? », a insisté un avocat de la défense, ironique.
« Ne rien sentir. Faible », a-t-elle répondu, la voix fragile. Elle a ajouté qu’elle retirait sa plainte contre l’un des accusés, N., mais la maintenait contre les quatre autres, réclamant toujours 250 000 ariary de dommages et intérêts.
La présidente a rappelé que la plaignante avait déjà retiré sa plainte lors de l’enquête préliminaire. « Pourquoi ne poursuivez-vous plus N. ? », a demandé la juge. « Pour des raisons de santé », a-t-elle murmuré, sans donner davantage d’explications cohérentes.
À l’issue des débats, la procureure générale et les avocats de la défense ont remis la décision entre les mains du tribunal. Le silence est retombé sur la salle n°5. Après un long moment de délibération, la Cour a prononcé l’acquittement des cinq accusés, au bénéfice du doute.
Haja Léo