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L’éducation sexuelle des jeunes filles reste un défi important pour la société de la région Atsimo Andrefana. |
Des jeunes filles de 14, 15 ou 16 ans tombent enceintes alors qu’elles sont encore collégiennes ou lycéennes. Elles craignent la réaction de leurs parents ou de leurs familles et se confient peu. « Il y a cette distance affective entre les parents et leurs enfants. Un manque de communication. Nous essayons de les socialiser avec des enseignants qui leur semblent de confiance. Mais les jeunes filles ne sont pas totalement confiantes et ne parlent presque jamais de leur grossesse », explique Whega Danitsaike, chef de la circonscription scolaire de Toliara I.
Des jeunes filles enceintes continuent de fréquenter l’école jusqu’à une certaine période de leur grossesse et essaient tant bien que mal de cacher leur ventre. « Nous avons eu un cas l’année dernière. Une élève en classe de troisième était tombée enceinte. Elle ne l’a pas déclaré, mais ce sont les enseignants qui l’ont découvert. L’établissement ne l’a pas exclue, mais c’est elle qui a décidé de ne plus revenir en classe quand son ventre commençait à se voir », témoigne Doris Louisa Volondranosa, chef du personnel au sein du CEG Centre de Toliara.
Dans un autre établissement, le cas de grossesse de jeunes collégiennes et lycéennes se présente presque tous les ans. Le responsable explique que l’école ne les exclut pas, mais ce sont les élèves qui s’excluent elles-mêmes.
À la vie
Il y a celles qui reviennent après la naissance de leur enfant, d’autres non.« J’ai décidé par moi-même d’arrêter l’école car je commençais à avoir quelques problèmes de santé au bout de quatre mois. Je n’ai pas encore décidé si je vais revenir ou non », témoigne Célestina T., une lycéenne de 18 ans habitant le quartier de Besakoa et actuellement en huitième mois de grossesse.
D’autres adolescentes, par peur des proches et de l’exclusion des écoles et de la société, se font avorter clandestinement. Elles ne décident d’avouer qu’en cas de complications graves sur leur santé. L’année dernière, deux jeunes collégiennes d’un établissement ont failli y perdre la vie. Elles ont choisi de ne plus revenir étudier.
« Il n’y a pas d’autre solution que de les informer et de les sensibiliser sur la lutte qu’il faut mener contre ce fléau d’avortement clandestin. Le ministère de l’Éducation nationale, pour sa part, privilégie l’éducation sur l’abstinence sexuelle pour les élèves et c’est tout un programme », ajoute le chef de la circonscription scolaire de Toliara I, qui rappelle toutefois la note circulaire 2023-862/MEN/SG sortie le 7 novembre 2023, soulignant que des élèves en état de grossesse ne peuvent être exclues ni chassées des établissements scolaires.
Mirana Ihariliva