À Antsirabe, éleveurs, collecteurs et responsables régionaux ont pris part samedi à un atelier national sur la filière lait. Objectif : trouver des solutions concrètes pour booster la production et soutenir les acteurs locaux. Le ministre de l’Agriculture et de l’Élevage, François Sergio Hajarison, a rappelé que « le lait fait partie des filières stratégiques, mais la production reste très faible malgré une demande élevée ».
La filière, concentrée dans le triangle laitier (Itasy, Analamanga, Vakinankaratra, Amoron’i Mania et Bongolava), fait face à de nombreux défis. Le prix du lait est très bas : 1 600 ariary le litre chez les petits éleveurs et 1 700 ariary chez les collecteurs, soit moins que l’eau en bouteille. Une situation qui rend l’activité peu rentable.
S’ajoute à cela, l’interdiction d’abattre les vaches, même âgées ou stériles. Celles-ci deviennent un poids financier, car elles consomment du fourrage et nécessitent des soins sans produire de lait. « Certaines vaches ne donnent plus rien et représentent plus de dépenses que d’avantages », déplore un éleveur de Betafo.
Le problème des semences aggrave la situation : prix élevé, rareté et disponibilité irrégulière limitent la reproduction et la qualité du cheptel. « Parfois, il n’y a pas de semence disponible, et cela bloque tout », témoigne un autre éleveur.
À Betafo, Socolait illustre ces difficultés. L’entreprise collabore avec plus de quatre mille éleveurs, une centaine de pré-collecteurs et six collecteurs. En saison sèche, elle reçoit environ 3 000 litres de lait par jour, mais la production est très déséquilibrée : surproduction de janvier à juin, puis forte pénurie de juillet à décembre. « La vraie question est : comment aider les éleveurs à produire davantage pendant la saison sèche ? », souligne un responsable, qui pointe aussi la concurrence du lait en poudre et des produits importés.
Malgré tout, certains éleveurs réussissent. Tiana Clovis Randrianantenaina, de Betafo, raconte : « J’ai commencé avec une seule vache. Aujourd’hui, une Pie Rouge vaut entre 6 et 7 millions d’ariary. » Pour lui, la formation est décisive : « Elle fait vraiment la différence. »
Irina Tsimijaly