’est cruel. On a vraiment une dent contre les rues. Partout où on va, à Tana ou ailleurs, que le quartier soit résidentiel ou présidentiel, sur les routes nationales comme les voies accessoires, se frayer un passage devient un véritable exercice d’équilibriste. Toutes les voies sont pourtant à double sens alors que les voitures ont de plus en plus l’allure de paquebots ou de tankers. Pour aller travailler, à l’école ou pour rentrer, c’est le même calvaire après avoir passé l’après-midi dans les embouteillages. Finalement, on termine le chemin à l’enfer ou au paradis avant le mort à qui venait de rendre hommage et de saluer la mémoire.
L’étroitesse des rues et des routes illustre parfaitement le manque de vision et l’égoïsme innommable des Malgaches. Même dans les nouveaux lotissements créés un peu partout, la place incongrue accordée aux parkings et l’exiguïté des voies d’accès sont le dénominateur commun. C’est incroyable que personne ne veuille céder un petit pouce de terrain pour élargir le chemin. Pire, certains ont la mentalité diabolique de planter de l’épine de Jésus-Christ (songosongo) à titre de bouclier contre un éventuel choc sur la muraille. Soit le fihavanana n’est qu’un mythe, soit les Malgaches sont devenus des mutants.
On savait que la ville allait s’étendre d’elle-même dans les périphéries avec la surpopulation en ville, l’exode rural, tôt ou tard, Tanamasoandro ou pas. L’État n’a qu’à viabiliser des terrains et imposer un plan respectant le futur développement de la cité, et immuable. C’est ainsi que la Seimad avait construit les cités d’Analamahitsy, Ambohipo, Itaosy, Mandroseza, Ampefiloha ainsi que dans les provinces que le temps, la corruption et l’anarchie ont complètement défigurées.
La capitale se développe et s’étend avec la même philosophie de se cloîtrer et de réduire l’espace de circulation. Et même dans les nouvelles rues et routes, on construit des ronds-points aussi grands qu’un iceberg, réduisant l’espace aux voitures. Les gros camions à cinq essieux de 100 m doivent se contorsionner pour passer à Ankadimbahoaka et au By-pass.
Certains ingénieurs, heureusement qu’il y en a, ont réduit justement les ronds-points hors normes sur la route Anosy- Anosizato. Il y a plus d’espace pour les véhicules, sauf que parmi les objectifs du développement durable, on a oublié que les voitures peuvent ne pas se croiser dans un rond-point à angle droit. Pourquoi contraindre obstinément les usagers à contourner un rond-point alors qu’on pouvait construire directement une voie pour aller à Ankadimbahoaka en venant d’Ankadindratombo, ou pour aller à Ankadindratombo venant d’Iavoloha ? Il suffit d’élargir la chaussée étant donné que l’État a pris 12,50 m de chaque côté justement pour un futur agrandissement. Du moins en théorie, étant donné que des vendeurs de voitures d’occasion ont construit leur boutique sur la lèvre de la chaussée. À qui la faute ?
Sylvain Ranjalahy