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Berlioz Randriamihaja milite pour l’égalité de traitement des athlètes. |
Ancien champion d’Afrique du 110 m haies, Joseph-Berlioz Randriamihaja réagit à l’attribution de villas aux Barea. Il plaide pour un statut clair des sportifs de haut niveau afin d’assurer égalité et développement du sport malgache.
Joseph-Berlioz Randriamihaja, les avis divergent sur l’attribution des logements aux Barea vice-champions d’Afrique au CHAN. Trouvez-vous cela normal et cela respecte-t-il l’éthique sportive ?
Si l’État malgache veut que les sports se développent à Madagascar, il faut qu’il mette en place le statut des sportifs de haut niveau. Avec ce statut, tout est prévu à l’avance en termes de conditions d’entraînement, de primes et surtout de récompenses après un exploit. En l’absence de ce statut, l’État, dans un but de s’afficher à côté des vainqueurs, fait ce qu’il veut sans aucun respect des règles établies. Attribuer des villas aux Barea n’est pas mauvais, mais avant les Barea, beaucoup d’athlètes ont porté haut les couleurs de Madagascar, mais qu’ont-ils reçu en retour ? Pour moi, il y a deux poids, deux mesures, pour ne pas dire discrimination.
Êtes-vous contre cette attribution ?
Je ne peux pas interdire à l’État malgache de faire ou de ne pas faire ce qu’il veut. Mais j’insiste sur la mise sur pied d’un statut des sportifs de haut niveau pour que tous les athlètes soient traités de la même façon. Le statut détermine tout, et à partir de là, il n’y aura plus de polémique. Sans ce statut de sportif de haut niveau, les sportifs malgaches ne peuvent pas aller loin parce qu’ils ne bénéficient pas des suivis appropriés et des moyens de préparation adéquats. J’invite toutes les fédérations sportives à Madagascar à faire pression sur l’État, car sans les réactions de toutes les fédérations, l’État fait ce que bon lui semble.
Quelles solutions proposez-vous alors ?
Quand j’étais encore actif en athlétisme, j’étais pointé du doigt et on me traitait comme une bête noire de l’État et de la fédération, car j’osais dire ce qui ne va pas. Actuellement, l’État n’a pas de politique concrète pour développer les sports à Madagascar. L’État mélange trop la politique politicienne et les sports. Sans politique de développement concrète, on ne va nulle part. Moi, je souhaiterais que tous les acteurs du sport, les sportifs de haut niveau malagasy s’il en existe encore, parlent de la situation des sports à Madagascar. Si on ne dit pas la vérité, on restera comme ça tout le temps, et on est en train de reculer très loin par rapport aux autres pays.
Si les athlètes et les dirigeants restent muets, on n’aura jamais le vrai développement du sport. Depuis que j’ai quitté Madagascar, la situation n’a pas changé pour les sportifs, elle a encore empiré. Si les mentalités de nos dirigeants ne changent pas, la dégringolade va s’accentuer.
Donné Raherinjatovo