Et rebelote. On croyait ce mauvais film à jamais effacé de tous les disques durs, seize ans après. Voire plus, étant donné que, dans les années 80, toute défaite d’une équipe de football servait de prétexte au pillage des magasins karana. Eh bien non.
La manifestation de ceux qui se qualifient de « Génération Z », réclamant jeudi à Ambohijatovo le retour de l’électricité et de l’eau, non autorisée par la préfecture, s’est déroulée tant bien que mal sans gros dégâts malgré l’intervention des forces de l’ordre. Mais, vers la fin de la journée, alors qu’elle touchait à sa fin, d’autres individus ont pris le relais pour mettre à sac infrastructures publiques et magasins dans plusieurs quartiers. Curieusement, les forces de l’ordre sont restées passives devant ce pillage en série, rappelant un souvenir lointain.
Il faut dire que la manifestation allait se terminer de cette façon, avec ou sans les fameux gros bras dont on dit tant de choses. Elle était pacifique et n’avait d’autre objectif que de faire entendre la voix de ces jeunes. L’erreur a été de croire que tout se déroulerait comme dans l’esprit de ceux qui l’avaient imaginée. Aucune mesure de sécurité ou de précaution suffisante pour éviter tout débordement n’a été prise. Il était impossible de s’assurer que tous les participants faisaient bien partie de cette génération. Toute manifestation de joie ou de colère s’expose, la plupart du temps, à des risques de pillage et de destruction de biens — à Paris comme à Liverpool.
C’est d’autant plus vrai que, selon la Banque mondiale, près de 80 % de la population est pauvre et vit avec moins de deux dollars par jour. Cette réalité se constate lorsque l’État, avec le soutien de la Banque mondiale, organise des distributions de vivres pour les plus démunis.
L’écart social entre les riches et les pauvres est peut-être l’un des plus grands au monde. L’extrême pauvreté cohabite avec la richesse suprême dans certains quartiers ; une simple route ou un canal les sépare. La majorité de la population ne peut même pas rêver acheter un paquet de chewing-gum dans ces grands magasins. Les manifestations de rue deviennent ainsi une aubaine, une opportunité pour réaliser ce qui n’était jusque-là qu’un rêve fou pour des centaines de milliers de Tananariviens, taillables et corvéables à merci.
La violence elle-même se loge dans cette image contrastée et couve, attendant le moment propice pour exploser.
En 2009 comme jeudi, on a assisté à une véritable armée vêtue de treillis en haillons, prête à mettre la main sur n’importe quoi, des croquettes pour chien comme des salons d’angle à entasser dans leur taudis.
Il ne s’agit pas d’une apologie du pillage, bien au contraire, mais simplement d’un constat : la pauvreté constitue une menace permanente suspendue au-dessus des têtes comme une épée de Damoclès.
Ceux qui font la queue tous les jours dès 4 heures du matin, rentrant souvent avec un seau vide et dormant dans les ténèbres, ne font peut-être pas partie de la Génération Z, mais ils souffrent autant que les autres. À chacun sa façon d’exprimer sa détresse et son opinion.
Hélas, ce nouveau « gasy pillage » sera lourd de conséquences pour divers secteurs, en particulier l’entrepreneuriat, le tourisme, l’emploi et, plus largement, le climat des affaires. On est en pleine dépression.
Sylvain Ranjalahy
Merci de cette "réflexion" 🤡
RépondreSupprimerJe suis étonné que vous fassiez l'impasse sur les revendications de la Gen Z concernant la lutte contre la corruption. La corruption phénoménale est la mère de tous les problèmes à Mada ,a commencer par la JIRAMA. Une analyse d'un média indépendant en Europe rapporte bien le problème même s'il anticipe un peu trop sur la fuite du gouvernement:
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=XpPmaNxzkOg&t=7s
An Népal, en Indonésie etc... la mère de toute les difficultés est toujours la même: la corruption des élites et leur total indifférence à la misère du peuple qu'ils parasitent.
Tant que l'ensemble des média Malgaches ne s'associent pas pour dénoncer simultanément les cas de corruption avérés, celui qui trouverai le courage de le faire serait anéantie par l'oligarchie. la lutte est un travail coopératif des médias. A ce titre L'express porte une responsabilité importante et doit devenir fer de lance de la contestation pacifique mais argumentée.