À la FIA 2025, les paysans malgaches montrent que l’avenir de l’agriculture passe par la transformation.
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Bien-Aimé Randriamihaja, responsable de la coopérative Tsinjo. |
À la 7e édition de la Foire Internationale de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche (FIA), qui s’est tenue du 4 au 7 septembre au CCI Ivato, un constat s’impose : les paysans malgaches cherchent de plus en plus à transformer leurs produits. Une manière de mieux conserver les denrées, de diversifier l’offre et de créer de la valeur ajoutée.
La coopérative Tsinjo illustre bien ce mouvement. Fruits et légumes séchés, épices comme le curcuma et le gingembre, hibiscus, thé, eucalyptus, mais aussi savons et huiles essentielles remplissaient son stand. Son produit phare reste le «ravitoto» en poudre : des feuilles de manioc séchées puis broyées, qui se conservent jusqu’à deux ans sans perdre leur saveur. « Une fois trempée une journée, la poudre garde le même goût que le ravitoto classique », explique Bien-Aimé Randriamihaja, responsable de la coopérative. L’innovation attire des revendeurs et des bailleurs étrangers, surtout en saison des pluies, moment idéal pour récolter des feuilles non amères.
Tsinjo s’approvisionne auprès de producteurs membres, notamment dans le district d’Ankazobe, en payant directement les paysans à la livraison. La transformation est bien maîtrisée, mais la commercialisation reste problématique.
Vitrine d’innovation
« Avec le projet Pok Pok, nous avons mobilisé beaucoup de producteurs, mais aujourd’hui encore, deux tonnes de stock restent invendues à cause de filières de distribution insuffisantes », regrette Randriamihaja.
La transformation n’était pas l’apanage de Tsinjo. Partout dans les allées, les exposants présentaient des fromages paysans, des yaourts artisanaux et des biscuits à base de produits locaux. Certains allaient plus loin encore, avec des solutions inattendues. La mouche soldat noire (Black Soldier Fly), riche en protéines, a ainsi été proposée comme complément alimentaire. Des insectes comestibles figuraient également au menu, attirant autant la curiosité que l’hésitation des visiteurs.
L’événement a aussi accueilli l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA – Madagascar), qui a présenté des cultures adaptées au changement climatique et des systèmes agricoles plus durables. Un rappel que l’avenir de l’agriculture malgache dépend non seulement de la transformation, mais aussi de sa capacité à résister aux aléas climatiques.
Avec plus de trois cent cinquante stands réunis, la FIA 2025 a montré que la transformation est devenue un levier incontournable pour les paysans.
Irina Tsimijaly