BOUTIQUES ET COMMERCES - Liquidation express des produits

Des commerçants à Behoririka.

La crainte des pillages et l’instabilité politique poussent les commerçants à brader leurs produits. Entre ventes à perte et livraisons accélérées avant le couvre-feu, chacun cherche à sauver le minimum.

Dans la capitale, beaucoup de commerçants n’ont qu’une idée en tête : écouler leurs stocks au plus vite. La peur des pillages en conduit certains à n’ouvrir leurs boutiques que quelques heures, d’autres à basculer entièrement en ligne. Les commandes se passent tôt le matin et les livreurs s’activent pour tout remettre avant la tombée de la nuit.

Sur les réseaux sociaux, les annonces se multiplient : « LIQUIDATION TOTALE. Vente sur tous les stocks disponibles ». Les prix s’effondrent. Des articles encore affichés hier à 35 000 ariary partent aujourd’hui pour 15 000. Personne ne cherche vraiment à négocier : l’urgence est de limiter les pertes.

À Behoririka, quartier commerçant emblématique de la capitale, la tension est palpable. Les vendeurs expliquent leur précipitation. Les serrures ont été renforcées, mais la menace demeure. « On ne sait pas quand les pilleurs vont venir, alors on vend le plus vite possible », confie l’un d’eux. Les transactions se concluent en quelques minutes. 

Entre débrouille et résilience

Là où un commerçant pouvait espérer 20 000 à 30 000 ariary de bénéfice en temps normal, il se contente aujourd’hui de 5 000 pour ne pas tout perdre.

Pour certains produits, notamment périssables, l’urgence est encore plus pressante. Les vendeurs de viande ou de denrées alimentaires essaient de livrer avant le couvre-feu. « Le produit est déjà là. Si on ne fait rien, il va être avarié », explique une commerçante. Avec leurs livreurs, ils organisent des horaires serrés, quitte à concentrer toute l’activité en quelques heures.

Plusieurs entrepreneurs se réinventent. Dans les services, le choix est de se rapprocher directement des clients. Coiffeuses, esthéticiennes ou manucures se déplacent désormais à domicile. Comme le raconte Sahaza, propriétaire d’un salon de beauté à Ambohimanarina : « Rester à la maison, ce n’est pas possible. On ne gagne rien. Alors je vais chez mes clientes. Elles ont peur, mais c’est aussi pour leur sécurité. »

Derrière cette adaptation rapide, un constat plus amer se dessine. Certains entrepreneurs jugent qu’investir à Madagascar « n’a plus de sens ». « L’instabilité politique, c’est devenu un rituel », lâche l’un d’eux. Pour espérer tenir, il faut raisonner à court terme, miser sur des infrastructures solides et souscrire à toutes les assurances possibles.

Dans les rues comme en ligne, la priorité n’est plus de prospérer mais de survivre. Les commerçants en sont conscients : chaque jour qui passe peut être décisif.

Irina Tsimijaly

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