ANTSIRANANA - Un ras-le-bol grandissant face aux coupures d’électricité

Depuis plusieurs mois, la capitale du Nord vit au rythme des coupures d’électricité répétées, qui paralysent la vie quotidienne et fragilisent l’activité économique locale.

Les deux responsables de l’Enelec et de la Jirama expliquent la réalité sur les coupures d’électricité dans la ville.

Ces derniers jours, la ville d’Antsiranana traverse une période de fortes perturbations électriques, provoquant l’exaspération des habitants. Petits artisans, restaurateurs, propriétaires d’ateliers et de cybercafés voient leurs chiffres d’affaires chuter. Dans les quartiers, la colère gronde. Les foyers sont contraints de s’adapter avec des lampes à pétrole, des lampes solaires, ou encore des groupes électrogènes, des solutions coûteuses et inaccessibles pour la majorité.

Au mois de mars, durant son passage avec une délégation de la Banque Mondiale, le Premier ministre avait annoncé, depuis le siège d’Enelec à Antamitarana, que le délestage appartiendrait bientôt au passé. La population a ressenti de l’espoir. Cependant, au vu de la situation actuelle, elle constate au contraire une aggravation. Les coupures d’électricité se multiplient et durent de longues heures, plongeant des quartiers entiers dans le noir.

Vendredi les habitants ont vécu l’un des pires épisodes qu’ils n’aient jamais connus: 24 heures sans électricité dans plusieurs quartiers de la ville. Une situation qui a suscité une vive indignation : appels à manifester, menaces de descendre dans la rue et messages de colère inondant les réseaux sociaux, les bus, les écoles et les lieux de travail…

Les habitants, déjà habitués aux délestages ponctuels, dénoncent désormais une situation devenue insupportable. « Nous ne pouvons plus travailler correctement, ni même vivre normalement », se plaint un commerçant dont les frigos restent désespérément éteints.

Entre commerces à l’arrêt, ménages plongés dans l’obscurité et colère grandissante des habitants, la ville vit sous tension et réclame des solutions urgentes.

Face à cette situation chaotique et interminable, les autorités civiles et militaires, conduites par le gouverneur Taciano Rakotomanga, en présence également de nombreux responsables régionaux, ont convoqué en urgence, lundi, le responsable de l’entreprise Enelec, productrice d’électricité, ainsi que celui de la Jirama, distributrice de l’énergie, afin de clarifier la situation. 

Une production insuffisante

Ces derniers expliquent qu’ils gèrent l’ingérable, car la cause des coupures ne dépend pas directement d’eux : la production d’électricité est gérée, depuis longtemps, par le secteur privé.

Selon le responsable de la société productrice, l’incendie d’une armoire de commande a aggravé la situation, ne laissant que 1,4 mégawatt de capacité disponible, tandis que plusieurs groupes restent hors service depuis longtemps. Les techniciens ont travaillé samedi, pour réparer les dégâts, portant la production à environ 3,5 mégawatts à ce jour. Cela reste très insuffisant par rapport aux besoins de la ville d’Antsiranana, qui s’élèvent à 11,2 mégawatts.

Il a donc fallu prioriser l’alimentation des lieux stratégiques comme les hôpitaux et l’université, les autres étant laissés pour compte.

En parallèle, des techniciens locaux tentent d’apporter des solutions provisoires en réparant certaines pannes, en attendant l’arrivée d’experts, début octobre, pour remettre en état deux moteurs importants. Mais aucune date n’a été donnée pour un retour à la normale.

Conscient des difficultés rencontrées, le gouverneur a présenté des excuses et exprimé sa compassion envers la population, en demandant un peu de patience face à cette panne majeure, qui ne peut être résolue dans l’immédiat.

Il a également rappelé que le désordre et les abus ne sont pas des solutions et a exhorté la population à ne pas se laisser influencer par ceux qui chercheraient à profiter de la situation.

Mais face à l’absence de résultats concrets, le mécontentement grandissant de la population pourrait rapidement se transformer en mouvement social d’envergure.

Les habitants parlent déjà d’un « supplice quotidien » et expriment un ras-le-bol général.

Au-delà de l’impact social et économique, la crise électrique alimente aussi les débats politiques.

Raheriniaina

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