Ce n’est pas trop tôt. La société Sino-Malgache des Travaux Publics va renaître de ces cendres. L’État, actionnaire minoritaire, et la partie chinoise ont décidé de remettre sur pied ce géant des bâtiments et travaux publics. Ce n’est pas peu dire puisque la SMATP disputait le marché avec des colosses comme Colas ou Alma.
La léthargie de cette société illustre bien les méfaits des crises politiques. Le déclin de la SMATP a été amorcé lors de la crise de 2009. Sanctionné sur le plan international et dans tous les secteurs, Madagascar a été privé des financements des bailleurs de fonds pendant cinq ans. Ce qui signifie un arrêt total des divers projets.
Aucun appel d’offre sur des travaux d’infrastructures routières, hydrauliques, hydroélectriques, bâtiments....Il va sans dire qu’aucune entreprise ne peut survivre pendant cinq ans sans travailler. On a vu pendant le confinement que toutes les entreprises ont dû soit mettre la clé sous le paillasson, procéder à un chômage technique, à une réduction du personnel ou à une réduction des salaires…
Toutes les entreprises de BTP ont souffert pendant cette période. Quelques-unes ont dû déposer bilan.
On imagine les conséquences d’une telle situation en cette période difficile. Au total, c’est un millier d’emplois directs et indirects qui sont perdus avec la fermeture d’une entreprise de cette envergure. Il y a d’abord les dirigeants, les cadres, les employés. Ensuite, il y a les journaliers et les tâcherons recrutés sur les chantiers. Le chômage causé par un tel désastre ouvre une brèche à l’insécurité.
Cette reprise signifie donc des emplois retrouvés ou créés. Ce qui n’est pas rien par les temps qui courent. Mais il ne faut pas trop vite jubiler. Relancer une telle entreprise nécessite beaucoup de fonds. Après plus de dix ans d’arrêt, le matériel et les engins de l’entreprise risque d’être hors service. Autrement dit, il va falloir tout recommencer. Ce n’est pas une mince affaire.
Mais l’essentiel est d’adopter cette volonté de remettre sur les rails cette grande entreprise. Et ce n’est pas les travaux qui manquent avec l’état des réseaux routiers en général. Le pluralisme dans le secteur BTP permet d’avoir un large choix dans les offres et d’éviter une situation de monopole de fait faute de concurrent.
Les entreprises de BTP constituent un élément essentiel du développement. Les différents projets en infrastructures diverses ne pourront pas se réaliser sans des entreprises compétentes et équipées. Plus il y en a, plus on va vite.
C’est élémentaire.
Sylvain Ranjalahy