TRAITE DE PERSONNES - Les agences de placement demeurent interdites

La célébration de la Journée mondiale de lutte contre la traite des êtres humains s’est tenue le 30 juillet à Ivato.

La lutte contre la traite des êtres humains prend un tournant plus ferme à Madagascar. Lors de la Journée mondiale dédiée à cette cause, célébrée le 30 juillet à Ivato, la ministre du Travail, de l’Emploi et de la Fonction publique, Hanitra Fitiavana Razakaboana, a rappelé une interdiction souvent contournée : la création d’agences privées de placement reste formellement prohibée dans le pays.

Et pourtant, les annonces alléchantes d’emploi à l’étranger foisonnent sur les réseaux sociaux. Sur Facebook notamment, des comptes personnels et des pages non officielles relaient régulièrement des offres promettant des postes à Dubaï, au Koweït ou encore à Maurice. Derrière ces promesses se cachent parfois des escrocs bien organisés.

« Les agences de placement envoyant des travailleurs à l’étranger ne sont pas reconnues par la loi. Seuls les employeurs étrangers peuvent recruter directement à Madagascar, et ce, sous le strict contrôle des autorités compétentes », a déclaré la ministre, catégorique.

Vulnérabilité 

Le témoignage de Mbolatiana Harisoa, 24 ans, en dit long sur l’ampleur du phénomène : « On m’a promis un emploi de femme de chambre à Maurice. J’ai payé près de deux millions d’ariary pour les démarches. Une fois le paiement effectué, l’agence avait disparu. Je n’ai plus jamais réussi à entrer en contact avec eux. »

 Et elle n’est pas la seule. D’autres jeunes femmes partagent des expériences similaires, souvent avec les mêmes mots : confiance, espoir, désillusion.

Derrière ces annonces frauduleuses se dessine un système d’exploitation bien rodé, s’attaquant à la vulnérabilité des citoyens, en particulier des femmes et des jeunes. Sous couvert de promesses professionnelles, les victimes se retrouvent piégées dans des réseaux de traite humaine aux visages multiples : travail forcé, exploitation sexuelle, trafic d’organes, mariages arrangés ou encore enrôlement abusif d’enfants.

Face à cette réalité, l’État malgache maintient une politique de tolérance zéro. Des actions conjointes sont menées avec le Bureau national de lutte contre la traite des êtres humains (BNLTH), et des accords de coopération ont été signés avec deux ONG mauriciennes afin de renforcer la surveillance et la protection des citoyens.

Dans un contexte économique fragile, les escrocs redoublent d’imagination. Mais les autorités veulent inverser la tendance : informer, prévenir, sanctionner. Et surtout, réaffirmer que toute structure illégale sera poursuivie.

 Mialisoa Ida

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