TÉLÉPHÉRIQUE ET AUTOROUTE - Rajoelina maintient le cap face aux critiques

En Conseil des ministres, mercredi, le chef de l’État a réaffirmé sa détermination à mener à terme les projets de téléphérique et d’autoroute. Pour lui, ces infrastructures constituent des leviers essentiels de modernisation du pays et d’amélioration du quotidien de la population.

Le président Andry Rajoelina, présidant un Conseil des ministres à Iavoloha.

Sans équivoque. À l’entame du Conseil des ministres qui s’est tenu au palais d’État d’Iavoloha, mercredi, Andry Rajoelina, président de la République, a défendu le projet de transport par câble dans la capitale et celui de l’autoroute Antananarivo-Toamasina. Il a réaffirmé sa volonté de mener à terme ces deux projets d’infrastructures, malgré les critiques.

« Je ne reculerai jamais lorsque je sais que cela est juste et bénéfique pour Madagascar. Comme pour la restauration du Rova, malgré les nombreuses critiques parfois blessantes, je ne suis pas revenu en arrière, car je savais que ce projet serait bénéfique pour le pays. Il en va de même pour le téléphérique et l’autoroute », a déclaré le chef de l’État, selon le communiqué du Conseil des ministres. Le document ajoute que, pour lui, les contestations de ses opposants « ne font que confirmer la pertinence des efforts engagés et des résultats obtenus ».

Le projet de téléphérique, dont les travaux ont été lancés en 2022, vise à désengorger la capitale, confrontée à une circulation dense et chroniquement saturée. Selon les estimations communiquées lors de l’ouverture de la ligne Orange reliant Anosy à Ambatobe, vendredi, il pourrait transporter entre quarante mille et soixante mille passagers par jour une fois à plein régime. Le téléphérique permettrait aussi de retirer jusqu’à mille deux cents véhicules de la circulation quotidiennement, contribuant ainsi à la réduction des émissions polluantes.

L’État met également en avant le gain de temps et une alternative moderne aux transports publics traditionnels. La durée du trajet serait en moyenne de trois minutes entre deux stations. Le prix du ticket est fixé à 3 000 ariary, 

« afin d’être accessible à tous », selon le locataire d’Iavoloha. Pour l’heure, le téléphérique ne fonctionne que de 7 heures à 9 heures et de 16 heures à 18 heures, du lundi au samedi, sur la portion reliant Anosy à Ivandry.

Ligne politique assumée

Comme l’a reconnu le Président, le transport par câble fait face à de vives critiques. Celles-ci portent principalement sur sa pertinence face à d’autres urgences, notamment sociales. Le coût du projet est estimé à environ 150 millions d’euros. « Le défi a été de moderniser le transport public afin que les usagers puissent se déplacer sereinement et en finir avec l’anarchie quotidienne », a déclaré le chef de l’État, vendredi.

Selon les responsables, le coût de construction devrait être amorti par les recettes de la billetterie, ainsi que par les emplois générés par le chantier, son exploitation et les activités connexes. Autre argument mis en avant : l’allègement des embouteillages. Une étude de la Banque mondiale publiée en 2022 évalue à 40 millions de dollars par an les pertes économiques liées à la congestion à Antananarivo.

Quant au projet d’autoroute baptisée « Autoroute numéro 1 » (AR1), l’objectif affiché est de réduire à deux heures trente minutes le temps de trajet entre la capitale et Toamasina, principal port du pays, afin d’augmenter la fréquence des transports de marchandises d’exportation et d’importation. Ici encore, les critiques portent sur le coût du projet. En réponse, le chef de l’État défend l’autoroute comme la seule alternative viable face à la vétusté de la Route nationale 2 (RN2).

La RN2 est actuellement l’unique liaison entre Antananarivo et Toamasina. Pour les poids lourds, le trajet peut durer jusqu’à treize heures. Une réduction du temps de parcours allégerait la charge des transporteurs et les coûts de transport, avec un impact attendu sur les prix des produits sur le marché intérieur, souligne l’État. Un premier tronçon de huit kilomètres, entre Ambodifasina et Ambohimanga, a été inauguré lundi.

Depuis cette ouverture, les critiques s’interrogent sur le respect des normes techniques propres à une autoroute. « Cette autoroute, c’est une promesse. Une promesse pour notre peuple. Une promesse pour notre économie. Une promesse pour l’avenir. Oui, cette route changera le quotidien de la population, facilitera le commerce, accélérera le développement, rapprochera nos villes et transformera Madagascar », a soutenu le Président lors de la cérémonie.

Lundi encore, Andry Rajoelina a affirmé que le projet serait mené à terme. En réitérant sa position en Conseil des ministres, le chef de l’État assume une ligne politique où la continuité des grands chantiers prime sur les controverses. Reste à voir si les bénéfices annoncés répondront aux attentes.

 Garry Fabrice Ranaivoson