Avec l’appui de la COI et de l’Union européenne, Madagascar renforce ses moyens de lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. De nouveaux équipements de surveillance modernisent le suivi des navires.
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Remise officielle des équipements de surveillance maritime à Ampandrianomby : avec le ministre de la Pêche et de l’Économie bleue, et le secrétaire général de la COI. |
Madagascar passe à la vitesse supérieure dans la lutte contre la pêche illégale. Avec l’appui de la Commission de l’océan Indien (COI) et de l’Union européenne, le pays s’équipe de nouvelles technologies pour mieux surveiller ses eaux et protéger ses ressources marines. Un soutien stratégique dans un contexte de trafic maritime en pleine expansion.
La remise officielle des équipements s’est tenue à Ampandrianomby, en présence du ministre de la Pêche et de l’Économie bleue, Paubert Tsimanaoraty Mahatante, et du secrétaire général de la COI, Edgard Razafindravahy. Cette dotation s’inscrit dans le cadre du Plan régional de surveillance des pêches (PRSP) et du volet national du programme ECOFISH, financé par l’Union européenne. Objectif : promouvoir une pêche durable, renforcer la gouvernance halieutique et lutter efficacement contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN), responsable de pertes économiques et de dégradations environnementales importantes.
Surveillance modernisée
Parmi les équipements remis figure un système solaire autonome, destiné à alimenter en continu le système de suivi satellitaire des navires (VMS – Vessel Monitoring System), évitant toute interruption de la surveillance. La COI a également fourni du matériel de radiocommunication maritime pour le navire de surveillance Telonify, comprenant un téléphone satellite, des antennes et une imprimante.
« Aujourd’hui, nous disposons de tous les moyens pour surveiller et combattre la pêche INN », souligne le ministre Mahatante. Il rappelle que la flotte dédiée est passée de deux ou trois navires à 25 bateaux , renforçant ainsi la capacité d’intervention en mer. Malgré ces avancées, la pêche illicite demeure une menace majeure, générant chaque année des pertes économiques mondiales considérables.
Pour Edgard Razafindravahy, la coopération régionale est essentielle : « La surveillance maritime est un défi coûteux et complexe. Le suivi par satellite est plus accessible que les patrouilles navales ou aériennes, mais il doit s’inscrire dans une stratégie régionale commune. Aucun pays ne peut agir seul. » Il insiste sur l’importance d’un engagement durable : « Ce n’est pas seulement une question de technologies, c’est un engagement national et régional fort. La gouvernance durable se construit pas à pas. Le programme ECOFISH et le PRSP sont des outils essentiels qui permettent de mutualiser les ressources et de renforcer les capacités techniques. »
Un investissement pour l’avenir
La hausse du trafic maritime dans le canal du Mozambique, liée aux tensions internationales et au déplacement des routes maritimes, rend le suivi encore plus indispensable. « Le nombre de navires est en forte hausse, rendant indispensable un suivi renforcé », avertit le ministre Mahatante.
Le VMS constitue aujourd’hui un outil stratégique majeur : il permet de surveiller efficacement les zones de pêche à moindre coût, tout en étant désormais obligatoire pour obtenir une licence de pêche dans les eaux malgaches. Cette mesure renforce le contrôle et la transparence de l’activité.
Pour le secrétaire général de la COI, l’enjeu dépasse le seul aspect technique : « Nous devons transmettre une mer mieux protégée, mieux gérée et équitablement partagée. La pérennité du PRSP dépend de l’engagement de tous. »
Grâce à cet appui, Madagascar renforce son autonomie, sécurise ses ressources halieutiques et s’engage dans une gestion durable de la pêche, gage de sécurité alimentaire et de prospérité pour les générations futures.
Irina Tsimijaly