Entre réussites discrètes et échecs douloureux, la reconversion des anciens athlètes malgaches illustre les fractures d’un système sportif sans filet.
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Les employés de l’ancienne athlète Aurélie Jaonary en plein travail à Ambohidahy |
Beaucoup d’athlètes, toutes disciplines confondues, ont brillé durant leur carrière sportive. Des championnats nationaux jusqu’aux sommets continentaux, en passant par les Coupes du monde et les Jeux olympiques, ils ont dignement défendu les couleurs malgaches. Parmi eux figurent Toussaint Rabenala (triple saut en athlétisme), Rosa Rakotozafy (100 m haies), Bako Ratsifandriamanana (natation), Jean-Michel Ramaroson (basketball), Faneva Ima et Lalaina Nomenjanahary (football), Aurélie Jaonary (400 m haies), les deux sœurs Dally et Natacha Randriantefy (tennis), et bien d’autres.
Mais l’après-carrière reste un désert pour bon nombre d’anciens champions malgaches. Si certains, à l’instar de Toussaint Rabenala, Aurélie Jaonary, Rosa Rakotozafy ou encore Berlioz Randriamihaja, parviennent à se reconstruire et réussissent leur reconversion, d’autres sombrent dans l’oubli ou les difficultés. Ce qui révèle la précarité d’un modèle sportif qui ne prépare pas ses athlètes à « l’après ».
Figures emblématiques des années 1990-2022, Toussaint Rabenala, Rosa Rakotozafy, Faneva Ima Andriantsima ou encore Jean-Michel Ramaroson incarnent des reconversions réussies. Longtemps pensionnaires des équipes nationales, ils ont su se réorienter vers des postes à responsabilité, mettant à profit leur rigueur et leur sens de la discipline.
Quand la flamme reste allumée
Même chemin de dignité pour Aurélie Jaonary, ex-spécialiste du 400 m et du 400 m haies. Médaillée d’or au 400 m haies durant les Jeux de la Francophonie de 1997 à Antananarivo, elle a décidé de défendre les couleurs nationales autrement.
À la suite d’une blessure musculaire à la jambe gauche- blessure qui n’est pas complètement guérie-, Aurélie Jaonary a pu trouver une nouvelle voie en confectionnant des tenues vestimentaires pour les équipes nationales malgaches engagées dans différentes disciplines sportives.
Après avoir raccroché les pointes, elle a ouvert un atelier de confection, alliant créativité et autonomie. Une manière pour elle de tracer sa voie tout en inspirant les jeunes, notamment les filles, à se projeter au-delà des pistes.
« Avec la blessure que je traînais depuis quelques années, j’ai alors décidé de souscrire au programme de la Confejes, qui accorde une aide aux athlètes de haut niveau à la retraite ou à ceux qui ont été contraints de mettre un terme à leur carrière sportive. Heureusement, ma demande a été retenue. C’est ainsi que j’ai pu bâtir ma petite entreprise avec la modeste expérience en couture que j’avais acquise lorsque je me trouvais au Sénégal », explique Aurélie Jaonary.
Dans d’autres disciplines, quelques figures tirent aussi leur épingle du jeu. Lalao Robine et Hanitra Rakotondrabe, anciennes gloires de l’athlétisme, ont choisi de transmettre leur passion aux plus jeunes. Dans le football, Faneva Ima, capitaine historique des Barea, mène une vie stable en France, tout comme Bolida Nomenjanahary, engagé dans l’encadrement de jeunes joueurs.
En basketball, Jean-Michel Ramaroson, après avoir brillé sous les couleurs nationales, est devenu un acteur incontournable du développement sportif: président de la Fédération Malagasy de Basketball et vice-président de FIBA Afrique.
Les oubliés de la gloire
Maître Kira, autrefois pilier défensif et international respecté, n’a pas trouvé la place qu’il méritait après sa retraite sportive. Sans accompagnement, la reconversion s’est avérée douloureuse, les opportunités étant quasi inexistantes.
Ces trajectoires cabossées ne sont pas des cas isolés. Elles soulignent un vide cruel : à Madagascar, l’encadrement post-carrière est quasiment inexistant. Peu d’athlètes sont préparés à une vie sans compétition. Formation, reconversion, insertion professionnelle ne sont pas intégrées aux politiques sportives actuelles.
Face à ce constat, le ministère de la Jeunesse et des Sports, les fédérations et les sponsors sont appelés à agir : créer des passerelles entre sport et métiers, encourager les doubles parcours, valoriser les compétences transversales développées par le haut niveau. Car derrière chaque maillot, il y a une vie. Et celle-ci mérite mieux qu’un oubli.
Donné Raherinjatovo
D'où l'importance de créer une ou deux structures genre "sports Etudes" en établissement scolaire et un Centre de Haut niveau en partenariat avec les entreprise de la place pour envisager des reconversions. Possible et pas coûteux. Juste les compétences qu'il faut pour démarrer et intervenir dans de telles structures, quitte à faire appel à une expertise pour bien démarrer.
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