Annoncée depuis plusieurs jours, l’ouverture officielle du premier tronçon de l’autoroute Antananarivo - Toamasina s’est déroulée, hier, à Ambodifasina. Un financement additionnel de 60 millions de dollars a été annoncé.
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| Le président Andry Rajoelina assure que le chantier de la nouvelle autoroute sera mené à terme. |
Nous allons terminer les travaux entamés». Avec ces mots, Andry Rajoelina, président de la République, affirme sa détermination à mener à terme le chantier de l’autoroute Antananarivo - Toamasina.
Annoncée depuis plusieurs jours, la cérémonie d’ouverture officielle d’un premier tronçon de l’autoroute, baptisée «Autoroute numéro 1» (AR1), s’est déroulée, hier, à Ambodifasina, où se trouve le point kilomètre zéro (PK0). L’événement s’est tenu juste au lendemain du 45e Sommet de la Communauté de développement des États d’Afrique australe (SADC). Il est même inscrit dans le programme officiel du rendez-vous d’Antananarivo.
Le roi d’Eswatini, Mswati III, et son épouse, Emmerson Dambudzo Mnangagwa, président du Zimbabwe, ainsi que Samuel Ntsokoane Matekane, Premier ministre du Lesotho, ont été présents à Ambodifasina, hier. Les autres pays membres de la SADC y ont également été représentés. L’idée d’inscrire cet événement dans le programme du Sommet n’est pas fortuite. Comme il l’a été martelé, hier, avec le projet Téléphérique, cette autoroute est érigée en symbole de la marche de la Grande Île vers la modernisation.
«Cette autoroute, c’est une promesse. Une promesse pour notre peuple. Une promesse pour notre économie. Une promesse pour l’avenir. Oui, cette route changera le quotidien de la population, facilitera le commerce, accélérera le développement, rapprochera nos villes et transformera Madagascar», déclare ainsi le président de la République. Le tronçon ouvert officiellement, hier, fait 8 kilomètres. Il va d’Ambodifasina jusqu’à Ambohimanga, qui abrite le Rova d’Ambohimanga, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Le trajet se fera dorénavant en 8 minutes, en moyenne.
Toutefois, ces 8 kilomètres sont relativement modestes par rapport aux 260 kilomètres que devra faire la nouvelle autoroute pour rallier la capitale et la ville du Grand Port. Outre le fait de démontrer aux invités du Sommet de la SADC que Madagascar est en chantier pour se moderniser, l’événement d’hier revêt aussi une dimension politique. Il s’agit pour le chef de l’État de démontrer que le projet prend forme et aussi d’affirmer que le chantier sera mené à terme. À l’entendre, il compte atteindre son objectif contre vents et marées.
Délai ferme
«C’est avec une émotion et une joie particulières que je suis ici, avec vous, aujourd’hui. Puisque le rêve et la vision que nous avions se matérialisent. Le défi a été relevé et l’objectif atteint», soutient le locataire d’Iavoloha. Au milieu d’une foule venue nombreuse malgré le froid et le vent glacial d’Ambodifasina, les parlementaires de la majorité, ainsi que les membres du gouvernement, ont été nombreux dans l’assistance. Le but était, vraisemblablement, de démontrer que les tenants du pouvoir font corps derrière le projet d’autoroute.
L’AR1 est, en effet, l’autre projet d’infrastructure phare de l’administration Rajoelina, fortement critiqué par ses détracteurs. «Nous avons une vision et la volonté d’œuvrer pour le bien de la population, pour transformer Madagascar. Rien ne pourra nous arrêter. Malgré les difficultés et les obstacles qui se dressent, nous remercions Dieu, car le chemin progresse et notre route se construit», lance alors le chef de l’État.
Comme le note le président Rajoelina, le chemin pour concrétiser le projet est semé d’embûches. Plus que les contestations politiques, il y a eu, notamment, des obstacles administratifs et techniques. Lancée en décembre 2022, la construction de l’AR1 a connu plusieurs mois de flottement en raison de procédures administratives et financières, ainsi que de changements de tracé afin d’éviter autant que possible d’empiéter sur les terrains agricoles et les zones d’habitation.
Conduit par l’entreprise égyptienne Samcrete, le chantier n’a vraiment repris qu’en avril 2024. Depuis, il avance à un rythme soutenu, selon les discours d’hier. En aval des 8 kilomètres ouverts officiellement, hier, les ouvriers et les engins seraient à pied d’œuvre. L’autre point d’achoppement a été le financement du projet. La première partie des travaux, à savoir 80 kilomètres, est financée par l’État. Pour boucler la boucle, ce dernier mise sur ses partenaires.
Visiblement, la question financière se débloque progressivement également. En février, en marge du World Governments Summit (WGS), à Dubaï, il a été annoncé que la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) allait appuyer la concrétisation du projet d’autoroute avec un financement compris entre «250 et 350 millions de dollars». Hier, Andry Rajoelina a annoncé un financement additionnel de «60 millions de dollars», par le Fonds d’Abu Dhabi pour le développement (ADFD).
«Madagascar se transforme. Madagascar se dresse et Madagascar est en chantier de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, et bien évidemment nous allons continuer les efforts», conclut Andry Rajoelina qui, en juillet 2024, a posé un «délai ferme» de terminer la construction de l’autoroute avant la fin de son second mandat.
Garry Fabrice Ranaivoson
