123

Ma vieille Mercedes W123 me sert tous les jours. Elle m’a déjà conduit bien plus loin que laisserait appréhender son grand âge (la production de la 123 s’échelonna de 1976, version 123.020, à 1986, version 123.193 : les miennes se situant à la fin des années 1970). 

Trois portières se referment toujours sur un «dong» sourd, très raffiné. La portière côté chauffeur, la plus souvent sollicitée, peut émettre une sonorité pénible de casserole. Il faut alors lui trouver un bon artisan à l’ancienne, avec lequel sympathiser à force de lui ramener la voiture pour une autre suture.   

La Merco roule en attendant d’être pleinement restaurée. Mais, quand Benitany Randimby (et sa formidable collection de Soalandy-Ankadivoribe), grand spécialiste de la résurrection automobile, vous salue expressément au passage, il faut considérer que notre Lazare a bel et bien ressuscité d’entre les épaves. 

Les rhumatismes de la caisse, les bruits parasites du mobilier et la paresse des manivelles de vitre se font oublier quand la suspension à l’allemande (dont on n’a pas fini de parler) permet d’enrouler les courbes avec décontraction et d’effacer les défauts du terrain avec nonchalance. La boîte à quatre rapports impose la retenue peu commune de son frein moteur mais sur un tracé comme Andriba-Mahatsinjo, Marozevo-Beforona, Ampangabe-Ambatofotsy, Faratsiho-Soavinandriana, c’est un régal de couple. Cruiser tout en souplesse, écouter la mécanique, sentir ses besoins, anticiper son essoufflement, la traiter avec sollicitude. Ce sera autant d’essence non englouti par le goulu carburateur Stromberg. 

Bien sûr, il y a des exercices pour lesquels, la 123 n’a pas été conçue, mais son long empattement peut également s’engager de biais, évitant que ne frotte le tube d’échappement placé bien bas sous un généreux porte-à-faux arrière (un des rares reproches), il est vrai au ras d’une Autobahn sans tranchées de Verdun. 

Au demeurant, une monte pneumatique plus généreuse (quitte utilitaire quand on passe de 195/70R14 à 195R14C, mais toujours en quatorze pouces pour pouvoir chausser des jantes baroques), conjuguée à une vraie plaque métallique (certainement pas le plastique chromé des SUV) sous le carter très exposé (deuxième reproche), permet d’affronter résolument les routes malgaches négligées par les Travaux Publics. 

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

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