Diffusée sur Canal+ via Novegasy, la série malgache « Maizim-bolana » aborde avec audace le thème sensible de la sorcellerie. Réalisée par Tovomanana Rabarison, elle se distingue par son réalisme et son ambition de bousculer les codes de la fiction locale.
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Tovomanana Rabarison de Maki Prod est le réalisateur de la série Novegasy « Maizim-bolana ». |
L’Express de Madagascar : D’où vous est venue l’idée de « Maizim-bolana » ?
Tovomanana Rabarison : Tout est parti d’une simple discussion entre collègues. On se demandait : Et si on faisait une série sur la sorcellerie ? On savait que ce genre n’était pas très populaire auprès des cinéphiles malgaches. Mais on voulait tenter l’expérience, même si au départ on pensait juste à un DVD. Avec le piratage, ce n’était pas une solution. Finalement, on a présenté le projet à Canal+, et à notre grande surprise, ils ont été séduits. C’est là que tout a vraiment commencé.
Vous avez particulièrement soigné le casting. Quels étaient vos critères ?
Le rôle principal, celui de Saholy, était très exigeant. On a dû proposer sept actrices différentes avant de trouver la bonne. Il nous fallait quelqu’un qui puisse porter le poids émotionnel du personnage, tout en étant crédible dans un univers surnaturel. Ce n’est pas évident de trouver une actrice capable de marcher au-dessus d’un tombeau ou de jouer la peur avec justesse. Et puis, il fallait aussi trouver son partenaire à l’écran. C’était un casse-tête, mais le résultat est là.
Le tournage semble avoir été éprouvant. Racontez-nous.
On a tourné à Ankadikely Ilafy, dans des lieux bien réels : des vieilles maisons de campagne, de véritables tombeaux… Certains acteurs ont abandonné en cours de route. Certains sont tombés malades, d’autres ont eu peur des lieux ou des scènes à tourner la nuit. Une scène a même dû être tournée cinq fois. On savait que ce ne serait pas un tournage classique, mais on ne s’attendait pas à autant de défis.
Et l’écriture du scénario? Comment s’est-elle déroulée ?
Le projet a démarré en octobre 2024. On a travaillé en équipe avec Novegasy pendant un mois rien que sur le développement de l’intrigue. Chaque épisode a été pensé à plusieurs têtes. On s’est inspirés de faits réels, de témoignages, de ce que la société malgache vit en silence. Même pendant le tournage, on continuait à ajuster les scènes. Rien n’était figé, on voulait que ça reste crédible et vivant.
Quel bilan personnel tirez-vous de cette première saison ?
Je suis très critique envers mon travail. Je dirais 3,5 sur 10. Le public a aimé, les cinéphiles ont accroché, mais moi je vois tout ce qu’on peut améliorer. On a touché un sujet sensible, on l’a traité avec sérieux, mais il y a encore beaucoup à faire en termes de rythme, de narration, de technique. C’est une bonne base, mais on peut faire mieux.
Une saison 2 est-elle prévue ?
La fin de la saison 1 appelle clairement une suite. Et beaucoup de spectateurs la réclament. Mais pour l’instant, rien n’est confirmé. On laisse le temps au projet de mûrir et on verra selon les retours et les moyens.
Quels sont les retours du public justement ?
Très positifs ! Maizim-bolana est un pari risqué devenu succès. Et c’est ce qui nous pousse à organiser bientôt une journée de rencontre avec le public et les acteurs. On veut échanger, écouter les avis, expliquer les coulisses, partager les défis. Derrière chaque scène, il y a eu des sacrifices et de l’émotion.
Nicole Rafalimananjara