Coach du COSPN et figure respectée du basketball malgache, Tojo Rasamoelina réagit aux performances des équipes nationales Ankoay lors de la récente Coupe du monde de basketball 3x3 en Mongolie. Entre défense, lucidité et appel au soutien, il répond à nos questions.
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Tojo Rasamoelina se range derrière les deux équipes nationales Ankoay de 3x3. |
Nos deux sélections Ankoay ont essuyé quatre défaites lors de la Coupe du monde. Comment analysez-vous ce revers ?
Pour certains, cela peut paraître comme une déroute. Mais pour moi, non. Depuis que Madagascar s’est lancé dans le basketball 3x3, les Ankoay ont fait des progrès immenses. Les hommes ont été deux fois champions d’Afrique et ont participé à deux Coupes du monde. Les dames aussi ont été sacrées championnes continentales, et viennent de découvrir le plus haut niveau.
Participer à une Coupe du monde est déjà une réussite. Ce tournoi est l’équivalent, dans notre discipline, des Jeux olympiques. Les résultats ne sont pas glorieux, certes, mais il ne faut pas oublier que ces rencontres se jouent sur des détails. Nos équipes doivent encore acquérir certains atouts essentiels – adresse, maîtrise du tempo, lucidité défensive – qui font la différence à ce niveau. Ce n’est pas une honte de perdre. Ce serait une honte de ne rien apprendre de ces défaites.
Les critiques sur les réseaux sociaux ont été particulièrement dures. Sont-elles fondées selon vous ?
La critique fait partie du sport. Elle montre au moins une chose : les gens suivent nos équipes et s’y intéressent. Cela veut dire qu’il y a des attentes, et c’est normal. Mais il ne faut pas tomber dans l’excès ou l’irrespect.
À vous, les huit mondialistes, je tiens à dire: ne vous laissez pas atteindre par ces attaques. Continuez à travailler, à progresser. Les vrais supporters, eux, restent derrière vous, même dans les moments difficiles.
Que manque-t-il aux Ankoay pour rivaliser avec les meilleures nations, en dehors de la taille ?
Ce sont les détails techniques et tactiques qui font la différence. Il faut améliorer la défense, l’adresse au tir, la gestion du rythme. Et cela ne s’acquiert que par le travail, les entraînements réguliers, les compétitions internationales.
Être en équipe nationale, c’est accepter de s’engager à fond, chaque jour, qu’il pleuve ou qu’il fasse beau. Le haut niveau ne s’atteint qu’avec de la rigueur et de la constance..
Que retenez-vous de la courte défaite des Ankoay masculins face à l’Australie ?
C’était un match à haute intensité. L’Australie venait de battre la Serbie, numéro un mondial, et pourtant nos Ankoay ont tenu tête jusqu’aux toutes dernières secondes. Ils ont cédé à deux secondes de la fin. Cela montre que le niveau n’est pas inaccessible. Ce genre de prestation mérite le respect.
Les Ankoay dames ont subi de lourdes défaites. Ne serait-il pas temps de préparer la relève ?
La FMBB travaille sur la relève depuis plus de quinze ans. Si ces joueuses sont encore là, c’est parce qu’elles restent les meilleures actuellement. Préparer l’avenir ne veut pas dire tourner le dos à celles qui ont hissé Madagascar à ce niveau.
Il faut rester unis. En tant que supporters, soyons des bâtisseurs, pas des obstacles. Le chemin est long, mais il est en marche.
Donné Raherinjatovo