TARIFS DOUANIERS DE TRUMP - L’industrie textile malgache dans l’expectative

Le secteur textile malgache, via le GEFP, attend la décision sur les droits de douane américains. À l’approche du 1er août, la filière reste dans l’incertitude.

La  présidente du Groupement des Entreprises Franches et Partenaires (GEFP), Béatrice Chan Ching Yiu.

Depuis l’annonce, en avril 2025, d’une nouvelle politique américaine de « tarifs réciproques », le textile malgache fait face à une menace sérieuse : une hausse des droits de douane comprise entre 37 % et 50 %, imposée à plusieurs pays exportateurs, dont Madagascar. Un sursis de 90 jours, prolongé jusqu’au 1er août, a été accordé — la Chine restant la seule exclue de ce délai.

À quelques semaines de cette échéance, le secteur reste dans l’incertitude. Aucune décision définitive n’a encore été prise. Le Groupement des Entreprises Franches et Partenaires (GEFP), qui représente une centaine d’entreprises franches sur les 275 présentes dans le pays, se montre prudent.

« Jusqu’ici, le GEFP n’a pas encore pris de décision face à la situation actuelle, car aucun retour n’a été reçu, ni du gouvernement malgache, ni des États-Unis », explique sa présidente, Béatrice Chan Ching Yiu.

Elle ajoute que la situation reste floue : il est trop tôt pour parler de pertes de marchés. Toutefois, les entreprises anticipent une éventuelle baisse d’activité en recourant, si besoin, à des mesures comme les congés techniques ou le chômage partiel, à l’image de ce qui a été pratiqué pendant la pandémie de Covid-19.

« Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de licenciements massifs », rassure-t-elle.

Négociations en cours

Du côté du gouvernement, les négociations sont en cours. Le directeur général du Commerce, Isidore Razanakoto, confirme avoir mené trois rencontres virtuelles avec des représentants américains, en collaboration avec le GEFP et le GEM (Groupement des Entreprises de Madagascar).

Des échanges ont également eu lieu lors du Sommet Afrique–États-Unis sur les affaires, tenu à Luanda (Angola). Selon les autorités américaines, la nouvelle politique tarifaire vise à recentrer les relations sur des priorités strictement commerciales, suspendant toute aide directe.

Mais la partie malgache insiste : le maintien de l’Agoa (African Growth and Opportunity Act), qui permet un accès préférentiel au marché américain, est crucial.

« Ce programme crée de l’emploi, aussi bien pour Madagascar que pour les États-Unis », plaide Isidore Razanakoto.

Dans l’attente d’un accord, le GEFP prépare aussi un plan B.

« Oui, nous prévoyons de nous tourner vers d’autres marchés, comme l’Union européenne, l’Asie ou l’Afrique, en cas d’échec des négociations », confirme Béatrice Chan Ching Yiu.

D’autres pays, comme le Cambodge ou le Laos, ont déjà obtenu une révision à la baisse de leurs nouveaux taux douaniers. Les droits appliqués au Cambodge sont passés de 49 % à 36 %, et ceux du Laos de 48 % à 40 %. À Madagascar, l’espoir reste permis d’ici le 1er août. Mais l’enjeu est de taille : le secteur textile représente environ cent cinquante mille emplois directs et indirects. Une décision défavorable pourrait avoir des conséquences économiques et sociales lourdes pour le pays.

Irina Tsimijaly

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