SECTEUR AGRICOLE - Des routes peu adaptées aux besoins des paysans

Le ministère de l’Agriculture a lancé une caravane de formation à Amberomanga pour appuyer les producteurs locaux. Cependant, la dégradation des routes rurales limite fortement l’impact de cette initiative.

La plupart des routes rurales du pays sont difficilement praticables.

Ce week-end, le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage a lancé sa première caravane de formation agricole à Amberomanga, dans le district de Soavinandriana. Objectif : renforcer les capacités des producteurs locaux sur des pratiques modernes, tout en leur fournissant des intrants adaptés. Mais sur le terrain, un obstacle majeur persiste : l’état désastreux des routes rurales, qui freine l’acheminement des produits comme des services.

Le trajet entre Amberomanga et Soavinandriana, distant d’environ 55 kilomètres, peut prendre plus de trois heures en voiture. À pied, il faut compter six heures. « La route qui passe par Mananasy est plus courte, mais dans un état encore pire. À pied, c’est plus simple », raconte Jean Victor, un habitant du village. Faute de meilleure option, la moto est le seul moyen de transport rapide, mais son coût élevé — 50 000 ariary par trajet — reste dissuasif pour de nombreuses familles.

Durant la saison sèche, les paysans continuent d’utiliser les charrettes à zébus pour transporter leurs récoltes. Mais dès que les pluies arrivent, les routes deviennent quasiment impraticables. Les principales cultures locales sont le riz, le maïs et le manioc, produits en quantité mais évacués difficilement.

Le maire de la commune déplore que, malgré la mise à disposition de treize tracteurs, seules 3 tonnes de produits peuvent être évacuées quotidiennement vers Soavinandriana. « Ce sont les routes qui bloquent tout, nos produits ont du mal à sortir », résume-t-il.

En visite à Amberomanga pour inaugurer cette caravane, le ministre de l’Agriculture et de l’Élevage, Sergio François Hajarison, a tenu à rappeler l’importance de l’écoute du terrain : « On ne peut pas bâtir une politique sans aller sur le terrain. Ce sont ces réalités qu’il faut prendre en compte».

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Malgré une promesse de réhabilitation de la route de Mananasy, aucun chantier n’a été lancé à ce jour. « On nous a parlé de travaux, mais pour l’instant il n’y a rien », constate sobrement le maire.

Plusieurs programmes comme DEFIS, Rizplus, PROGRE et FSRP incluent pourtant des projets d’aménagement rural. Mais dans les zones reculées comme Amberomanga, l’attente reste longue.

Cette caravane de formation, inédite dans le district, a abordé trois volets techniques : la méthode Pfumvudza (agriculture de conservation), le programme PAPRIZ pour l’amélioration du riz, et l’élevage de coquelets. En appui, le ministère a distribué des intrants à 876 familles issues de sept communes comme Amberomanga, Mahavelona, Ambatoasana, Antanetibe Varahana, Amparihibohitra, Ankaranana et Masindray.

Chaque foyer bénéficiaire a reçu 9 kg de semences, 75 kg de compost organique, 15 kg d’engrais MPK, ainsi que des coquelets (poulets mâles), en fonction de son engagement dans la filière.

Pour Tita, un paysan bénéficiaire, cette initiative représente bien plus qu’un simple soutien ponctuel : « Ce n’est pas juste pour manger aujourd’hui. On veut apprendre et transmettre ce savoir à nos enfants. »

Irina Tsimijaly

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