SANTÉ - La vente de médicaments en ligne prolifère

À Madagascar, la vente de médicaments sur Facebook prend de l’ampleur sans autorisation ni contrôle. Cette pratique illégale constitue un danger pour la santé publique.

Les médicaments se vendent comme les autres produits dans les épiceries.

Sur Facebook, il n’est pas rare de tomber sur des publications offrant des médicaments sensibles comme l’insuline Actrapid ou Lantus, du Nutriplex (un complexe de vitamines), des antigrippaux pour nourrissons, ou encore de l’Amlozaar, utilisé dans le traitement de l’hypertension. Ces produits circulent librement, sans ordonnance ni supervision médicale. Le phénomène est en partie alimenté par des publications dans lesquelles des internautes sollicitent des conseils médicaux comme si chaque utilisateur était un professionnel de santé.

« Une fois, j’ai acheté des produits dermatologiques sur Facebook. Deux mois plus tard, j’ai remarqué des anomalies sur ma peau. Ce n’est qu’après avoir consulté un dermatologue que j’ai appris que le produit n’était pas adapté à mon type de peau », témoigne Albertine Rafarasoa, mère de famille.

L’achat de médicaments auprès de revendeurs non agréés expose les consommateurs à de nombreux risques : produits périmés, falsifiés, mal dosés ou inadaptés à l’état de santé. Sans traçabilité ni garantie de conservation, ces traitements peuvent perdre leur efficacité, voire devenir dangereux.

Complications

« Les effets néfastes de ces médicaments non réglementés ne se manifestent pas toujours immédiatement », alerte un pharmacien de la capitale. Des complications peuvent apparaître des semaines, voire des mois après la prise : aggravation de la maladie, effets secondaires sévères, interactions médicamenteuses, ou encore développement de résistances aux antibiotiques et antipaludéens.

Au-delà des dangers sanitaires, la vente de médicaments en dehors du circuit légal est strictement interdite par la loi malgache. Seules les pharmacies et les dépositaires agréés sont autorisés à en distribuer. Toute vente parallèle est illégale et passible de sanctions.

Dans les quartiers populaires, cette pratique reste pourtant très répandue. À Ambohipo, le marché noir du médicament bat son plein. On y trouve toutes sortes de traitements, sans prescription. À Isotry, des vendeurs ambulants chuchotent aux passants qu’ils disposent de vitamines, de protéines, de Notamine et d’autres produits. Dans plusieurs épiceries de la capitale, des médicaments se vendent comme des produits de première nécessité.

Face à l’ampleur du phénomène, les professionnels de santé appellent à un renforcement des contrôles et à une vaste campagne de sensibilisation. La population doit être informée des risques liés à ces achats et encouragée à consulter un médecin, ainsi qu’à se fournir exclusivement en pharmacie. Car au-delà de l’économie réalisée, c’est la santé qui est en jeu.

Mialisoa Ida

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