Madagascar et la Corée du Sud ont lancé un partenariat pour moderniser l’agriculture malgache et renforcer sa sécurité alimentaire.
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Park Ji-hyun, ambassadrice de Corée à Madagascar (à gauche). |
Le 16 juillet, un atelier intitulé « Pour un meilleur avenir de l’agriculture à Madagascar » s’est tenu au Carlton Anosy, organisé par l’ambassade de Corée. Cette rencontre a rassemblé des représentants du ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, des chercheurs, ainsi que plusieurs institutions spécialisées. L’objectif principal était de partager l’expérience agricole coréenne afin d’accompagner Madagascar vers plus d’autonomie dans ce secteur crucial.
Park Ji-hyun, ambassadrice de Corée à Madagascar, a rappelé que la Corée du Sud a elle-même connu un passé de sous-développement agricole. « Aujourd’hui, nous nous appuyons sur notre expérience pour accompagner d’autres pays », a-t-elle expliqué. Depuis un an, l’Institut de Développement de la Corée conduit des études conjointes avec le ministère malgache dans le cadre du programme de partage de connaissances. Parmi les partenaires déjà engagés figurent le Fofifa, l’agence coréenne RDA (Rural Development Administration) et AfricaRice.
Ce partenariat se concentre sur trois axes : l’innovation et l’investissement dans la recherche, la mise en place d’infrastructures adaptées aux réalités agricoles malgaches, et le renforcement des jeunes talents dans le secteur. En Corée, l’agriculture a connu une transformation spectaculaire après la guerre, passant d’une dépendance à l’aide alimentaire à l’autosuffisance en riz dans les années 1970. Pour la Grande Île, le secteur agricole représente environ 25 à 30 % du PIB, selon les données partagées par la Banque mondiale. Alors que pour la Corée, c’est moins de 2 % du PIB, mais le secteur reste stratégique grâce à l’agriculture intelligente, la transformation des produits agricoles et la coopération internationale.
Défis
Les échanges ont également mis en lumière plusieurs défis agricoles à Madagascar, dont la forte dépendance au riz blanc, aliment de base dans le pays. Un expert coréen a suggéré d’améliorer les techniques de transformation du riz qui, en Corée, ne se limite pas à la consommation directe, mais sert aussi à fabriquer des boissons et des produits cosmétiques. D’après lui, il est essentiel d’améliorer la transformation du riz ainsi que les modes de consommation. La Corée pourrait ainsi partager ses technologies agricoles développées depuis les années 1990. Il existe, selon lui, une réelle opportunité de collaboration dans ce domaine.
Un autre point important est la carence en micronutriments chez la population malgache. Selon l’Unicef (ENCM 2024), 1,4 % de la population souffre d’un déficit en vitamine B1 (thiamine), révélant un régime alimentaire peu diversifié pouvant entraîner fatigue, béribéri ou troubles cardiovasculaires.
Un représentant de la FAO a souligné les difficultés pour Madagascar d’atteindre l’autosuffisance en riz, malgré les variétés locales développées par le Fofifa. Il a proposé de miser davantage sur la valorisation du riz traditionnel malgache. « Le vrai riz malgache est très apprécié. Il faut maintenant savoir mieux l’utiliser pour répondre à nos besoins internes », a-t-il insisté.
Pour les participants, ce partenariat avec la Corée ouvre une voie vers l’autonomie alimentaire. L’ambassadrice Park Ji-hyun a rappelé que la Corée, autrefois pays bénéficiaire d’aide, accompagne désormais d’autres nations dans leur développement agricole.
« La Corée est un partenaire fiable pour soutenir Madagascar vers un développement agricole durable », a-t-elle conclu.
Irina Tsimijaly