Le personnel de la Jirama s’est solidarisé hier pour contester le nouveau statut juridique de la société. Il dénonce la privatisation déguisée et le licenciement massif annoncé. Une grève des employés se profile ainsi à l’horizon après cette assemblée générale massivement suivie par les membres du personnel.
Il fallait s’y attendre. La réaction des syndicats et du personnel est tout à fait logique et naturelle. Ils sont là depuis des années et ont lutté pour faire marcher l’entreprise contre vents et marées. Il faut saluer les efforts des techniciens pour faire tourner une entreprise obérée jusqu’au cou avec du matériel vétuste.
Les abonnés en veulent aux employés de la Jirama objets de tous les sarcasmes et des moqueries, mais il faut bien comprendre que les vols, détournements et trafics qui ont mis à genoux l’entreprise concernent plutôt les gros bonnets. Mais ce sont les petits employés qui vont en payer le prix.
Mais il faut dire également que la situation de la Jirama est juste catastrophique que ce changement de statut était incontournable pour éviter une liquidation de la société ou un dépôt de bilan. La Jirama faisait déjà partie des quarante-six sociétés à privatiser selon les conditions des bailleurs de fonds en 1996, mais le nouveau pouvoir arrivé en 2002 y avait opposé un niet péremptoire. Il en allait de même d’Air Madagascar. Les deux sociétés se trouvent aujourd’hui dans des difficultés financières inénarrables.
Les bailleurs de fonds ont le dernier mot aujourd’hui. Il est peu probable qu’on revienne sur cette décision.
D’ailleurs, la grève ne semble plus être un argument de taille dans la mesure où aussi bien l’électricité que l’approvisionnement ne sont plus effectifs. Grève ou pas, cela ne change rien à la privation de services des abonnés. Si les agences sont fermées, les abonnés n’en demandent pas tant. Ce sont des factures en moins à payer.
C’est donc une bataille perdue d’avance pour le personnel et les syndicats.
Le licenciement annoncé rappelle l’histoire de «déflatage » du personnel des banques primaires lors de leur privatisation au début des années 2000. Il s’agit d’un départ à la retraite anticipé assorti d’une indemnisation plus ou moins importante.
Le redressement de la Jirama doit passer par des décisions douloureuses et certainement une révision à la hausse des tarifs plus tard. Cela faisait déjà partie des exigences des bailleurs de fonds depuis un temps, mais l’État a toujours retardé l’échéance pour des raisons économiques et sociales. Le sursis a pris fin et on doit faire face aux dures réalités. On se trouve sur une zone de haute tension.
Sylvain Ranjalahy