La grève à la Jirama dure depuis quelques jours. Le gouvernement a réquisitionné les employés pour assurer le service public, tandis que le collectif Tambabe demande la suppression du statut commercial de l’entreprise.
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Les grévistes réunis à Soanierana hier matin. |
Après plusieurs jours d’appels à la mobilisation, une grève d’ampleur paralysait hier la Jirama, à Antananarivo comme dans les régions. Selon les syndicats, près de 90 % des employés seraient mobilisés. Seules les équipes de permanence assurent les interventions d’urgence et les services minimaux.
Face à cette paralysie progressive de la distribution d’eau et d’électricité, l’exécutif a réagi sans tarder. Dans un communiqué daté du 8 juillet, le ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures, Olivier Jean-Baptiste, a décrété la réquisition générale du personnel. Il rappelle que « la fourniture d’eau et d’électricité est un service public qui ne doit jamais être interrompu ». Le ministre juge que la grève représente « une menace à l’ordre public et à la paix sociale ».
Dans cette logique, il enjoint la direction générale de la Jirama et l’ensemble des responsables régionaux à remettre immédiatement en service tous les centres de production et de distribution du pays. Il exige également la réouverture, sans délai, des agences, services de maintenance et guichets destinés au public.
Malaise profond
Le malaise couvait depuis longtemps au sein de l’entreprise. Pour Batota, porte-parole du collectif syndical Tambaben’ny mpiasan’ny Jirama, le mouvement est légitime : « Nous ne sommes pas contre l’amélioration de la Jirama, mais nous refusons qu’elle devienne une entreprise guidée par le profit». Les grévistes dénoncent l’application de la loi 2014-014, qui a conféré à la Jirama un statut de société anonyme à caractère commercial. Un changement qu’ils jugent contraire à la vocation de service public de l’entreprise. « Ce texte n’est pas au service du peuple », affirment-ils, ajoutant : « Il introduit une logique de profit, alors que la Jirama a toujours eu pour mission de produire, transporter et distribuer l’eau et l’électricité sans but lucratif. »
À Soanierana, les agents organisent une grève tournante et lancent un appel direct aux autorités : « Ce ne sont pas les ministres qui souffriront d’une coupure, mais les citoyens ». S’ils affirment ne pas vouloir provoquer de coupures généralisées, ils préviennent néanmoins : « Tout dépendra de l’écoute qu’on nous accorde ».
Le gouvernement, de son côté, maintient sa ligne dure. Il souligne l’illégalité du mouvement, faute d’autorisation préalable, et invite les agents à reprendre leur poste. Tout en se disant ouvert au dialogue, il prévient : « Toute participation à une grève non autorisée pourrait entraîner des sanctions ».
Sur le terrain, les usagers commencent déjà à ressentir les effets du mouvement. Plusieurs agences, à Ambodivona, Besarety, Antanimena ou encore sur le By-Pass, sont restées fermées. « Je suis venu payer ma facture ce matin, mais tout est fermé, sans explication», déplore un client devant une agence de la capitale.
L’inquiétude gagne du terrain dans un pays où l’accès régulier à l’eau et à l’électricité demeure fragile. Les syndicats appellent désormais à une intervention directe du président Andry Rajoelina pour débloquer la situation. Le bras de fer se durcit sur fond de tensions sociales croissantes.
Irina Tsimijaly
Peut-être un défaut de pédagogie aussi? N'oublions pas les dégâts du communisme sur les esprits... les employés sont-ils conscient que les profits sont absolument nécessaires pour faire des investissements, entretenir les équipements et développer les outils de production d'électricité comme les réseaux de distribution ?
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