Des membres du gouvernement Ntsay sont fragilisés par des affaires qui secouent l’Exécutif. Dans un climat politique tendu, les spéculations autour d’un remaniement se renforcent.
Plusieurs membres du gouvernement Ntsay sont aujourd’hui sous pression, fragilisés par des dossiers sensibles. |
Le gouvernement du Premier ministre Christian Ntsay traverse actuellement une zone de turbulences. Plusieurs dossiers sensibles, mêlant gestion contestée, retards administratifs et implications diplomatiques, placent trois ministres au cœur de la tourmente. À mesure que les critiques s’intensifient, l’Exécutif fait face à une pression croissante, nourrissant les rumeurs d’un remaniement ministériel imminent.
Le ministre de la Santé publique, Zely Arivelo Randriamanantany, est fragilisé par sa gestion de l’affaire d’empoisonnement suspecté à Ambohimalaza, qui a coûté la vie à plus d’une trentaine de personnes. La réaction du ministère a été jugée tardive et confuse, notamment en ce qui concerne l’identification de la substance toxique à l’origine du drame.
Il a fallu attendre le limogeage de la directrice de la veille sanitaire et l’intervention télévisée du président Andry Rajoelina pour que l’affaire commence à être clarifiée. Cette absence de transparence et de réactivité a choqué l’opinion publique. Plusieurs voix, notamment au sein de la société civile, dénoncent une gestion défaillante d’un drame sanitaire d’ampleur exceptionnelle.
Un dossier à risques
Le ministre des Transports et de la Météorologie, Valéry Ramonjavelo, se retrouve lui aussi dans une situation délicate. Son département est impliqué dans une affaire controversée de délivrance de certificats d’immatriculation à une compagnie aérienne dont l’existence même reste à vérifier.
Ces documents auraient permis l’envoi de cinq avions Boeing 777 en Iran, un pays encore sous le coup de sanctions internationales. À ce jour, aucune explication officielle n’a été apportée, ni par le directeur général de l’Aviation civile de Madagascar (ACM), annoncé en mission à l’étranger, ni par le ministre lui-même.
Seul un communiqué de l’ACM a tenté de contenir la polémique. Mais le flou entourant la chaîne de responsabilité dans la délivrance de ces documents jette une ombre sur le ministère. L’affaire soulève des inquiétudes diplomatiques qui pourraient impacter les relations extérieures de Madagascar.
Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Moustapha Marson, est quant à lui pointé du doigt pour l’absence d’homologation du stade Barea par les instances sportives internationales. Ce retard empêche l’organisation de rencontres officielles à Antananarivo, obligeant l’équipe nationale à jouer à l’extérieur — au grand dam des supporters.
Alors que les travaux de réhabilitation du stade sont achevés depuis plusieurs mois, le blocage administratif est perçu comme un manque d’anticipation et de coordination. Ce contretemps nuit à l’image du pays sur la scène sportive régionale et internationale, et fragilise la crédibilité du ministère.
Face à ces trois dossiers sensibles, la présidence reste silencieuse. Toutefois, en coulisses, la possibilité d’un réajustement gouvernemental circule avec insistance. La tenue prochaine du sommet de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe), que Madagascar accueillera, ajoute une dimension stratégique à cette réflexion.
Pour le Premier ministre Christian Ntsay, l’enjeu est désormais de trouver un équilibre entre loyauté politique et exigence de résultats. Dans un contexte marqué par des attentes croissantes en matière de gouvernance, certains arbitrages pourraient s’imposer plus tôt que prévu.
Tsilaviny Randriamanga