Un moment de recueillement a rassemblé, hier au Sehatra Maitso Analamahitsy, les proches des victimes. Les familles réclament des explications sur cette tragédie ayant causé une trentaine de morts.
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Le Sehatra Maitso Analamahitsy pendant le moment de recueillement. |
Dans une ambiance de recueillement et de prière, rythmée par des chants et des messages de réconfort, les familles endeuillées ont reçu le soutien d’une foule de personnes, composée notamment de pasteurs membres du groupement Mpitandrina avotra hoan’ny firenena (Mafi), et de politiciens, hier après-midi. Plus qu’un hommage, ce rassemblement fut aussi un cri du cœur, porté par la douleur. Les familles exigent que la lumière soit faite, et que justice soit rendue. « Nous cherchons à obtenir la vérité et des éclaircissements sur l’origine de la maladie et les événements survenus près d’Ambohimalaza. Qui sont les personnes réellement responsables de cet acte, ainsi que les raisons qui les ont poussées à agir comme tel ? Par quels moyens cela s’est produit, et quelles en sont les raisons ? Nous avons besoin de savoir tout cela, dans le but d’apaiser les esprits », lance Désiré Patrick Nirinaharison, père de l’une des victimes, hier.
Dédommagement
Tous sont convaincus qu’il s’agissait d’un acte volontaire. « Ce n’était pas un accident. Et c’est justement ce que nous voulons comprendre, car cela nous ronge de l’intérieur. Cela ne fera pas revenir nos morts, mais nous apaisera l’esprit », témoigne la mère d’une autre victime.
La plainte collective que les familles envisagent de déposer dans le but de faire éclater la vérité est en attente. « Nous avons suspendu les démarches, car de nouveaux décès ont été enregistrés à l’hôpital. Nous envisageons de les reprendre la semaine prochaine », explique Tantely Raherindratsima, mère d’un jeune homme décédé dans la soirée du dimanche 15 juin. Une autre famille affirme avoir déjà déposé une plainte. « Nous avons été convoqués à la gendarmerie ce matin (ndlr: hier) », confie Nadia, la belle-mère d’une victime qui a survécu à son hospitalisation, mais en gardant de lourdes séquelles. Au-delà de la quête de vérité, ces familles revendiquent également un dédommagement. « Notre gendre, âgé de 27 ans et chauffeur de taxi, est encore loin de pouvoir reprendre son travail. Son état de santé reste fragile et il lui faudra encore un long temps de convalescence. Il est pourtant père d’un jeune enfant. Nous demandons donc une indemnisation, afin qu’il puisse continuer à subvenir aux besoins de sa famille durant cette période difficile », enchaîne cette mère.
Un 31e décès enregistré hier
Un jeune homme de 20 ans, Miantsa, qui avait participé à la fête d’anniversaire près d’Imerikasinina, est décédé hier au Centre hospitalier universitaire Joseph Ravoahangy Andrianavalona (CHUJRA). « Il faisait partie des cas les plus critiques », a indiqué un médecin de l’établissement. Selon plusieurs familles, la plupart des victimes semblaient d’abord aller bien avant d’être soudainement prises de violentes crises, suivies d’un décès brutal. Elles réclament, à ce titre, une évacuation sanitaire pour les patients encore hospitalisés. Une demande également relayée par le Mafi dans sa déclaration, hier. Un médecin du CHUJRA nuance cependant cette requête. « L’évacuation sanitaire n’est pas nécessaire à ce stade. La majorité des patients sont en voie de guérison. Ce dont ils ont besoin, désormais, c’est d’un accompagnement psychologique et de séances de kinésithérapie », note cette source.
Trente-et-une personnes sont décédées depuis le drame. Toutefois, certaines familles estiment que le bilan est plus lourd, affirmant que des victimes décédées dans d’autres établissements de santé n’auraient pas été intégrées au décompte officiel.
Miangaly Ralitera