Et cela continue. L’intoxication alimentaire continue de faire des victimes un peu partout dans le pays. Alors qu’il reste dix-huit malades en état critique parmi les invités d’un anniversaire à Ambohimalaza à l’hôpital d’Ampefiloha, d’autres morts ont été signalés à Ambositra, à Mahajanga, à Toamasina, à Antsirabe... Le dénominateur commun de toutes les victimes est les manifestations de la crise relatives au botulisme. Or, jusqu’ici, cela n’a jamais été reconnu officiellement. Les autorités se sont empressées de trouver des boucs émissaires à Ambohimalaza qualifiant d’empoisonnement délibéré avec un puissant produit toxique à l’origine de la vague de décès.
Les nombreux cas répertoriés par la suite tendent à prouver le contraire mais aucune information ne vient éclairer la lanterne de la population complètement abasourdie et ne sachant plus à quel saint se vouer. La situation est d’autant plus embarrassante que, jusqu’à maintenant, les résultats des analyses des aliments incriminés envoyés dans un laboratoire étranger se font attendre quinze jours après le drame.
Pourtant un laboratoire digne de ce nom ne mettrait pas une heure pour identifier s’il s’agit d’arsenic, de cyanure ou de barbiturique, les poisons les plus connus et les plus fulgurants. Un poison hautement toxique ne laisserait pas en vie les victimes plusieurs jours avant de succomber.
En attendant le fameux verdict des analyses, la population vit dans une véritable psychose. On ne sait plus quoi consommer. Les gargotes, les beignets de toutes sortes, les restaurants... sont abandonnés par les consommateurs. Les réceptions et les cérémonies sont devenues si dangereuses que beaucoup d’invités préfèrent alléguer des prétextes farfelus pour éviter le pire. Des établissements scolaires ont simplement annulé la partie réception et cocktail dans leur cérémonie de fin d’année. Dans les mariages, on remet à la hâte le « tso-drano » et on part avant la distribution du gâteau. Si la Covid-19 a détruit les relations sociales et le ciment familial, cette histoire d’intoxication alimentaire est en train de pourrir les convenances sociales et d’asphyxier l’économie étant donné qu’aucune mesure significative à part le fait de déclarer qu’une marque d’huile n’y est pour rien, n’a été prise. Justement le doute vient du fait qu’on ne plante pas un are de tournesol et ne produit pas mille tonnes de soja pour pouvoir transformer.
C’est évidemment une autre histoire qui mérite un éclaircissement plus approfondi pour que tout baigne.
Sylvain Ranjalahy