Le Pôle anti-corruption de Mahajanga a ordonné l’arrestation d’un enseignant. Ce dernier a été reconnu coupable de corruption sexuelle en milieu universitaire.
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La corruption sexuelle en milieu universitaire est désormais réprimée. |
L’affaire remonte à plusieurs mois. Une étudiante a saisi la justice après avoir été l’objet d’avances insistantes de la part de son enseignant, lequel aurait conditionné l’obtention de bonnes notes à l’acceptation de rapports sexuels. À l’issue de l’enquête, les faits ont été qualifiés de corruption passive, selon les articles 177 et 177.1 du Code pénal malgache.
« Dès lors qu’il y a sollicitation, la corruption passive est constituée, indépendamment de la suite donnée », rappelle le parquet dans un communiqué. Le tribunal correctionnel du PAC a reconnu l’enseignant coupable et ordonné son arrestation. Le mandat d’arrêt a été immédiatement exécuté.
Le communiqué du procureur précise que cette décision constitue une première jurisprudentielle : le juge anti-corruption y considère explicitement les faveurs sexuelles comme des “avantages quelconques”, au sens des textes encadrant la corruption.
La corruption sexuelle reste un phénomène répandu mais rarement poursuivi à Madagascar. Transparency International Initiative Madagascar (TI-MG) la définit comme « l’utilisation du sexe comme monnaie d’échange dans des actes de corruption ».
«Promotion canapé»
Une enquête menée par l’organisation entre 2021 et 2022 auprès de 8 501 personnes dans cinq régions du pays (Analamanga, Atsinanana, Diana, Boeny et Atsimo Andrefana) révèle que 33 % des étudiants interrogés déclarent avoir été victimes ou témoins de corruption sexuelle dans leur environnement scolaire ou universitaire. Parmi eux, les étudiants du supérieur représentent 53 %, contre 36 % pour les lycéens et 12 % pour les collégiens.
Dans le monde professionnel, cette pratique prend souvent la forme de la « promotion canapé ». Le Bureau indépendant anti-corruption (BIANCO) avait, dès 2018, réalisé une première étude sur le sujet, accompagnée d’outils de sensibilisation. Mais aucune suite judiciaire n’avait été donnée à ce jour.
La décision du PAC de Mahajanga pourrait donc ouvrir la voie à une prise en charge judiciaire plus systématique de ces pratiques, longtemps tolérées dans le silence des institutions.
Vero Andrianarisoa