Consacrer la pétanque sport national

Deux fois champion du monde (1999 et 2016), quatre fois vice-champion du monde en triplette (1982, 2007, 2010, 2024): deux champions du monde de tir de précision (Hanta Francine Randriambahiny en 2011, Jean-François Rakotondrainibe en 2024) : «Pétanque : pourquoi les Malgaches sont-ils si forts ?» se demandait le quotidien L’Équipe du 23 juin 2025. En citant une légende de la discipline, Marco Foyot, lui-même champion du monde en 1992 : «Les Malgaches sont les Brésiliens de la pétanque. Ils sont beaux à voir jouer, ils ont leur propre style». 

Marc Foyot se félicite d’avoir fait vingt fois le tour du monde avec trois boules d’acier. Les boulistes malgaches n’ont pas autant de confort à s’aligner dans les compétitions outre-mer, c’est-à-dire internationales. Aucune discipline sportive autre que la pétanque n’a jamais autant valorisé Madagascar à l’international, mais pourtant les plus gros soutiens du Fanjakana vont d’abord toujours au football, sans doute le sport de masse par excellence, sans que les résultats soient conséquents. La différence de traitement est presque caricaturale quand on juxtapose les immenses tribunes dédiées à des quarts-de-finalistes d’une CAN et les anciens terrains du CBT, le club bouliste de Tananarive. 

Heureusement, chaque rectangle de terre encore rescapée du béton et du bitume fait l’affaire et permettent aux jeunes talents de se faire la main de «cobra», de cette prise caractéristique dit-on aux boulistes malgaches. 

Aux Jeux des îles, les jeux olympiques de notre Océan Indien occidental, la pétanque ne figure au programme qu’à chaque édition organisée à Madagascar. Comme si les autres îles nous en reconnaissaient l’expertise avérée et la compétence exclusive. Loin d’être endémique de notre Grande île, la pétanque plongerait ses racines étymologiques dans l’expression provençale «ped tanca» (pieds joints). Bien loin de cette Provence des Daudet, Giono et autre Pagnol, Madagascar se pâme de la victoire de la triplette (Rakotoarisoa Yves, Rakotoarisoa Lova, Razanadrakoto Tiana) au tournoi «Le Mondial La Marseillaise», «le plus grand concours international de pétanque au monde»: première fois qu’une équipe étrangère gagne La Marseillaise, et il s’agit de Madagascar qui en fut déjà le premier pays finaliste, il y a quelques années. 

L’euphorie consécutive offre l’occasion de reprendre un plaidoyer d’il y quatre ans : «La situation économique de Madagascar est ce qu’elle est, contraignant le sport à céder le pas à des contingences plus alimentaires. Pourtant, le sport constitue un atout sérieux de «soft power» pour faire parler autrement d’une Grande île étiquettée parmi les plus pauvres du monde et désormais plus célèbre pour le «kere» que pour les makis endémiques. Madagascar pourrait résolument arbitrer en faveur des sports moins «chers» et plus rentables au ratio coût/médaille : badminton, tennis de table, karate, taekwondo, basketball 3x3. En attendant d’inscrire la pétanque parmi les disciplines olympiques» (Chronique VANF, 09 août 2021).  

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

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