À Antanimalandy, des familles sans abri occupent un cimetière et réclament le droit d’y rester. Elles interpellent les autorités face à la menace d’expulsion.
![]() |
Des squatters avec leurs banderoles. |
Ils sont environ deux cents familles, soit près d’un millier de personnes, à squatter le terrain du cimetière situé dans le fokontany d’Antanimalandy, près de la décharge de Mangatokana, et ce, depuis plusieurs années.
Vendredi dernier, elles ont organisé une manifestation en déployant des banderoles et en brandissant des pancartes, réclamant le droit d’occuper les lieux.
Ces « sans domicile fixe » ont même menacé de ne pas quitter les lieux, affirmant n’avoir aucun endroit où aller.
« Mangataka izahay fokonolona tsy hiala amin’ny tranonay sy ny taninay, ary miantso ny fitondram-panjakana foibe mba hijery anay akaiky fa olombelona izahay », ont-ils déclaré, appelant les autorités centrales à prêter attention à leur situation humaine.
« Nous n’avons aucun moyen de louer une maison. Nous sommes sans emploi, et nous survivons en ramassant les ordures et les déchets de la décharge de Mangatokana. Les responsables de la commune sont déjà venus deux fois pour nous expulser, mais nous avons décidé de rester, quoi qu’il arrive », a rapporté leur porte-parole.
Colère des familles
Cette situation engendre un problème social majeur. Les vivants cohabitent avec les morts, car les familles ont investi le terrain où se trouvent les sépultures. Le chômage massif et le manque criant de logements décents pour les populations les plus démunies comptent parmi les causes principales de ces occupations illégales, qui sont aussi sources de tensions foncières.
Bien qu’ils revendiquent le droit d’occuper ce terrain, les squatters du cimetière d’Antanimalandy reconnaissent ne disposer d’aucun titre ni document officiel d’occupation. Ils espèrent néanmoins une régularisation de leur situation par les autorités.
Cette affaire rappelle celle survenue au cimetière des musulmans à Antanimasaja, à partir de 2008 et durant plusieurs années. Les tombes y avaient été envahies par des squatters, ce qui avait provoqué la colère des familles propriétaires. Les autorités étaient alors intervenues manu militari. Les propriétaires des caveaux avaient réagi en chassant les occupants. Les tombes avaient été clôturées, et les squatters avaient dû céder et quitter les lieux.
En revanche, dans le cas d’Antanimalandy, les autorités tardent à prendre des mesures pour mettre fin à cette occupation.
« Ils auraient dû intervenir et empêcher ces gens de s’installer dès le départ. Cela fait déjà plusieurs années qu’ils sont là, il est maintenant difficile de les déloger », a déclaré un propriétaire de caveau.
Vero Andrianarisoa