Des étudiants de l’École supérieure polytechnique d’Antananarivo (ESPA), située à Vontovorona, ont manifesté lundi, à l’issue d’un ultimatum de 72 heures. Ils réclament une amélioration de l’approvisionnement en eau et en électricité, jugé insuffisant, notamment en période d’examen.
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La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, la pr Chaminah Loulla, s’est présentée en face à face avec les manifestants. |
La mobilisation, marquée par des débordements, a provoqué l’inquiétude des riverains. Selon des témoignages recueillis sur place, plusieurs installations commerciales ont été endommagées. « Ils se comportent comme des dahalo qui incendient des villages », déplore un vendeur de snacks, dont la buvette a été incendiée. Des kiosques, des tables et divers étals ont également été détruits, empêchant plusieurs commerçants d’ouvrir.
Des jets de pierres et d’objets métalliques ont été signalés, obligeant les habitants à rester confinés. Ceux qui ont dû se déplacer, notamment les parents d’élèves, ont contourné la zone en empruntant des itinéraires alternatifs. « Les étudiants ont le droit de manifester, mais cela ne devrait pas affecter la vie du quartier. D’ailleurs, nous avions convenu l’an dernier qu’ils éviteraient de nous déranger. Ils n’ont pas tenu parole », regrette une commerçante.
Les forces de l’ordre sont intervenues à la mi-journée, utilisant des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants et les repousser dans l’enceinte du campus. Le calme est revenu en début d’après-midi.
La revendication principale porte sur l’accès à l’eau potable et à l’électricité. Les étudiants réclament un service régulier, en particulier durant les examens, et des solutions durables pour les quelque 3 000 élèves de l’établissement.
En réponse, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a annoncé une descente sur place de son équipe technique. La ministre, Chaminah Loulla, s’est rendue sur les lieux dès le matin afin de dialoguer avec les étudiants. Cette initiative n’a toutefois pas permis de désamorcer les tensions.
Coupures probables
Des représentants du ministère de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène, ainsi que de la Jirama, étaient également présents. Le directeur général de l’Eau, Romuald Herinirina Mara, a annoncé l’installation d’un groupe électrogène de secours pour assurer le fonctionnement du système d’alimentation en eau en cas de coupure d’électricité. Il a précisé que l’approvisionnement en eau potable serait effectif à partir du 10 juin. Un projet à plus long terme, financé par la Banque mondiale, est en cours pour améliorer durablement l’accès à l’eau.
S’agissant de l’électricité, Manda Ny Aina Nomena, directeur général adjoint de la Jirama chargé de l’électricité, a promis une fourniture continue jusqu’à minuit. Il a néanmoins souligné que des coupures resteront probables entre minuit et l’aube. L’alimentation pourrait toutefois s’améliorer avec l’injection prochaine d’énergie solaire issue de la centrale d’Ambatomirahavavy, attendue avant le 26 juin.
D’autres doléances étudiantes, comme la construction de blocs sanitaires sur le campus, ont également été évoquées. La ministre a assuré que ces travaux sont pris en compte et déjà en cours.
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Logiquement, après 7 heures de délestage dans la journée, aucune coupure ne devrait survenir durant l’heure de pointe, c’est-à-dire entre 18 h et 21 h, pour cette zone réputée « chaude » pour la Jirama. Mais ce n’était pas le cas, puisque l’électricité a connu des coupures intermittentes à partir de 17 h 30 avant d’être définitivement perdue à partir de 19h 30, jusqu’à l’heure où nous bouclons le journal. Au total donc, entre 5 h et 21 h hier, ces quartiers ont subi pas moins de 9 heures de coupures, sans parler du délestage nocturne dont la durée peut varier de 3 à 6 heures, voire plus.
Le centre d’appel de la Jirama évoque un « déclenchement », c’est-à-dire un problème technique, pour expliquer les changements. Mais les habitants des communes alimentées par la ligne MTO craignent surtout que la situation ne soit liée à ce qui s’est passé à Vontovorona. C’est-à-dire privilégier l’approvisionnement des quartiers desservis par la ligne Iarivo, qui alimente la RN1, dont Vontovorona, au détriment de la ligne MTO, d’autant que le ministre de l’Enseignement supérieur a promis que l’électricité sera désormais fonctionnelle de 5 h du matin à minuit chaque jour à l’École Polytechnique.
Miangaly Ralitera