Les membres du gouvernement ont commencé à répondre aux questions des députés lors du face-à-face organisé à l’Assemblée nationale. Aucune interrogation, même parmi les plus sensibles, n’a été esquivée par les ministres, visiblement bien préparés à l’exercice.
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Les membres du gouvernement ont répondu point par point aux questions des députés. |
Après avoir pris connaissance des interventions parlementaires depuis jeudi, les ministres ont tour à tour répondu aux préoccupations des élus. L’ensemble des sujets soulevés, y compris les plus délicats, a été abordé. Les réponses les plus attendues concernaient le ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures, Olivier Jean Baptiste. Une large part des questions portait sur le délestage, problème pour lequel les députés ont exigé des solutions concrètes.
Le ministre a dressé un état des lieux : la consommation d’électricité dépasse largement la capacité de production actuelle. Il a rappelé plusieurs projets en cours, notamment l’installation d’une centrale thermique à Ambohimanambola (105 mégawatts) ainsi que le développement de parcs solaires et éoliens. Il a toutefois reconnu que ces solutions, évoquées aussi par le Premier ministre Christian Ntsay, relèvent du long terme. La réponse immédiate attendue par les élus tarde ainsi à se matérialiser.
Affaire Colonel Rakotomamonjy
Le ministre des Forces armées, le Général Lala Sahivelo, a ouvert la séance en abordant une affaire très médiatisée : les déclarations du médecin-colonel Patrick Rakotomamonjy, faisant état de soupçons de corruption au sein du Centre hospitalier de Soavinandriana (Cenhosoa). Le député de Toamasina I, Roland Ratsiraka, a demandé des explications.
Selon le ministre, une enquête interne est en cours. Il a précisé que les procès-verbaux de passation entre les directeurs techniques adjoints du Cenhosoa, couvrant la période 2022-2023, ne mentionnaient pas les faits évoqués par le colonel.
Le ministre de la Justice, Benjamin Alexis Rakotomandimby, a lui aussi été interpellé sur des sujets sensibles, notamment les décisions du tribunal administratif et du Conseil d’État concernant les élections communales. Des députés, dont Sophie Ratsiraka (Vatomandry), ont remis en question des résultats validés par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), mais ensuite inversés par la justice.
Le ministre a expliqué que la Ceni se limite au comptage des voix, tandis que les juridictions examinent les plaintes électorales et la conformité des procédures avant de rendre leur jugement.
Autre sujet sensible : les remblais. Le ministre de la Décentralisation et de l’Administration du territoire, Naina Andriantsitohaina, a été formel : les autorisations sont suspendues, et tout remblai non validé en Conseil des ministres est considéré comme illicite. Il a évoqué les mesures déjà mises en œuvre, telles que le scellage de chantiers et la saisie de véhicules impliqués.
Concernant le recouvrement de l’Impôt foncier sur les propriétés bâties (IFPB), la ministre de l’Économie et des Finances, Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, a apporté des précisions : la perception sera assurée par l’État, mais les recettes resteront affectées aux communes. Cette clarification faisait suite aux inquiétudes de certains députés, notamment Avotraina Andriamosa (Avaradrano).
Ce premier face-à-face s’est prolongé tard dans la soirée, les échanges entre membres du gouvernement et députés couvrant un large éventail de préoccupations nationales.
Tsilaviny Randriamanga