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Les sprinteuses malgaches ont dominé le 100 m lors des JIOI 2023. |
L’athlétisme malgache traverse une période critique. Jadis puissance incontournable dans la région, Madagascar semble aujourd’hui dépassée dans presque toutes les disciplines. Les résultats stagnent, les talents manquent, et la relève se fait attendre. Face à la montée en puissance des pays voisins, il devient urgent de repenser l’ensemble du système.
Depuis la retraite de figures emblématiques telles que Jean-Louis Ravelomanantsoa (100 m : 10″18), Todisoa Rabearison (400 m: 46″80), Toussaint Rabenala (triple saut : 17,05 m), Lalao Ravaonirina et Hanitriniaina Rakotondrabe (100 m : 11″32), Berlioz-Joseph Randriamihaja (110 m haies : 13″46), Riri Josveh Tonganirina (saut en hauteur : 2,14 m en 2007), Rosa Rakotozafy (100 m haies: 12″84 en 1999), ou encore Ange Doris Ratsimbazafy (disque : 44,60 m ; marteau : 53,18 m), peu d’athlètes ont su reprendre le flambeau. Hormis les performances de Sidonie Fiadanantsoa (100 m haies) et Claudine Nomenjanahary (100 m et 200 m), les podiums régionaux s’éloignent et les records restent intacts depuis des décennies.
Le sprint en panne
L’édition 2023 des Jeux des Îles, pourtant organisée à domicile, a mis en évidence les lacunes d’une génération en difficulté. Madagascar n’a récolté que 13 médailles d’or, dont 10 remportées par des fémmes. Chez les hommes, seuls Tsima Tahirinjanahary au 1500 m ainsi que le relais 4x400 m masculin et mixte, ont permis d’éviter une débâcle totale.
Un symbole de ce recul a été le 100 m masculin: aucune qualification en finale, alors que cette épreuve reine était autrefois le terrain d’expression privilégié des sprinteurs malgaches. Les Mauriciens, eux, ont réalisé un triplé historique. Les disciplines techniques (lancers, sauts) et les courses de fond (800 m, 1500 m, 5000 m, 10 000 m, semi-marathon) échappent également aux Malgaches.
La XIIe édition des JIOI, prévue aux Comores en 2027, approche à grands pas. Il reste un peu plus de deux ans pour se préparer. La rénovation de la piste d’Alarobia est une opportunité, mais elle ne suffira pas, à elle seule, à combler le retard accumulé.
Hery Rambeloson, directeur technique national de la Fédération Malgache d’Athlétisme, appelle à une réforme en profondeur. « Il faut relancer les sports scolaires, multiplier les compétitions locales pour détecter les jeunes à potentiel, vulgariser les disciplines techniques, assurer la continuité entre les directions techniques et organiser des formations régulières pour les entraîneurs. »
L’athlétisme malgache est à la croisée des chemins. Sans une stratégie claire, ambitieuse et structurée, le pays risque de s’enliser dans une crise durable, loin de son passé glorieux.
Donné Raherinjatovo